Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Dans ce court récit autobiographique, l'auteur relate des moments choisis de sa jeunesse, de son adolescence et de sa vie quotidienne au sein d'une famille pas comme les autres puisque ses deux parents sont sourds.
Ce que j'ai aimé dans ce témoignage...
L'auteur nous parle de l'amour et de l'attention qu'on lui porte par les gestes, les regards, et les attentions de ses parents. Mais, à certains moments, le manque de mots se fait sentir : elle voudrait entendre dire cet amour (surtout pour son père).
Elle nous parle de la chance qu'elle a d'être bilingue et de parler la LSF (Langue des Signes française) et la nôtre
Elle nous raconte les frasques, qu'elle et ses cousins, ne se privent pas de faire à leurs parents : les injures à voix haute, la musique mise à fond, les explications fausses...
Elle nous raconte la gêne, voire la honte, lors de certains événements de la vie quotidienne. Elle nous montre
et de son fantasme d'avoir des parents "normaux".
Enfin, elle nous parle aussi du rôle joué par ses grands-parents pleins de bienveillance mais qui sauront rester à leur place et n'intervenir qu'en cas de besoin urgent.
il a atteint son but.
Car si on ne connaît pas de sourds...
On ne sait pas à quel point ils sont rieurs et sensibles au comique de situation, ni à quel point ils savent vivre dans le présent parce que ce présent est bien assez compliqué à gérer.
On ne sait pas comment les appeler pour attirer leur attention (en éclairant la lumière, en leur tapant sur l'épaule ou en gesticulant), ni qu'ils donnent des surnoms aux personnes qu'ils connaissent.
On ne sait pas non plus l'importance de l'expression du visage pour eux.
On ignore aussi que leurs autres sens sont si développés qu'ils devinent tout de suite notre état d'esprit d'un simple regard, car ils sont très observateurs et intuitifs.
On ignore encore que la LSF est bien une langue à part entière avec des phrases qui ont une syntaxe précise. En principe, d'abord le temps (quand), puis le lieu (où), puis le sujet (qui)et enfin l'action (quoi) donc le verbe, ni que beaucoup de signes miment l'action et que l'alphabet est la première chose à connaître car il est très utilisé pour épeler les mots.
Ce qui m'a déçue dans ce témoignage...
Je pense que ce qui l'a surtout séparée de ses parents c'est cette rage qu'elle a encore en elle et qui suinte du récit à chaque chapitre ou presque. Elle a le droit de l'exprimer bien sûr...mais à cause de ce ton particulier, je n'ai pas réussi à être touchée par ce témoignage alors que je connais des sourds et que beaucoup de ses propos ont le mérite de mieux les faire connaître.
Ils émettent des sons, ils rient, ils bougent sans cesse...
C'est bien normal, c'est leur façon à eux de s'amuser !
et l'énumération de la dernière page n'est pas arrivée à me convaincre du contraire.
laisse entendre (sans jeu de mots) que des parents sourds ne peuvent pas apporter équilibre et bonheur à leur enfant.
Finalement ce livre, même si on doit reconnaître à l'auteur une certaine honnêteté, n'a pas réussi à me toucher et je doute que les sourds s'y reconnaissent. J'attends de voir leur avis sur le net.
J'ai bien peur que se cache derrière ce récit un livre "fabriqué" et un éditeur qui a su "vendre" son produit parce que le sujet s'y prêtait.
Petite biographie de l'auteur
Véronique Poulain a été pendant 15 ans l'assistante de Guy Bedos. C'est aussi la nièce de l'humoriste Guy Bouchauveau dont elle parle dans ce livre. Il a créé en 1979 l'Académie de la Langue des Signes Française. Il est devenu humoriste en 1980 et a permis, par ses tournées de one man show, non seulement en France mais dans toute l'Europe et aux États-Unis, de faire connaître la LSF et le monde des sourds. Il a incarné l'Abbé de l'épée dans le film de Michel Rouvière du même nom.