Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Meule et broyeur datant du Néolithique.
Moulin à bras de l'époque celtique.
Moulin à bras utilisé pour écraser les cannes à sucre
Pendant plus d’un millénaire après la découverte du feu (première énergie domestiquée par l'homme), la force du vent et la puissance de l’eau ont été les seules énergies utilisées par les hommes pour faciliter leurs travaux quotidiens.
Au VIIe siècle avant notre ère, les Perses utilisaient déjà des moulins, les norias, sortes de roues à aubes : une roue munie de pales permettait de remonter l'eau des puits ou des rivières pour irriguer les cultures.
L'aqueduc classé "monument historique"
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Le moulin à eau
C'est au Xe siècle que les moulins à eau se répandent dans toute la France. A cette époque, il n’y avait pas une rivière sans son moulin ce qui a d’ailleurs laissé des traces dans la toponymie de nos régions !
Les roues sont des roues à aubes ou à augets. Elles peuvent être horizontales ou verticales et elles entraînent les meules par un mécanisme judicieux...
Dans certains cas, l'eau est récupérée pour irriguer les terres.
Les moulins hydrauliques ont été utilisés jusqu’au XIIe siècle en meunerie, teinturerie, papeterie, pour faire fonctionner les forges et irriguer les terres mais aussi parfois pour extraire l’huile d’olive, décortiquer du riz…
Les seigneurs les construisent sur leur propriété au bord de leur cours d’eau et s’en octroient donc le monopole. En échange de leur utilisation, le meunier doit alors payer un impôt appelé «banalité», impôt qui ne pourra pas être appliqué aux moulins à vent (car le vent appartient à tout le monde).
L’invention de l’arbre à cames au XIIIe siècle va permettre l’utilisation du moulin pour une série d'opérations qui s'effectuaient jusque là à la main. Il permet de transformer le mouvement rotatif provenant de l'entraînement par l'eau de la roue à aube, en mouvement longitudinal et produit donc un effet de battage.
Les moulins permettent alors de fouler les draps, forger le fer, et scier bois et pierre. Plus tard, l'arbre à cames sera utilisé pour fabriquer du papier, pour les filatures et la teinturerie, pour broyer pierre ou minerais.
L’utilisation des moulins connaît ensuite un nouvel essor, lorsqu’à la révolution tous les impôts sont abolis (y compris les "banalités") : le moulin devient alors propriété de la communauté villageoise.
Entre le XVIe et le XIXe siècle on comptait environ 75000 moulins et près de 100 000 sous Napoléon. Ils ne seront plus que 30 000 au début du XXe siècle.
L’évolution technique permet aux moulins hydrauliques de faire de la résistance : la roue se transforme en turbine, les engrenages remplacent les roues en bois, les meules en pierre sont remplacées par des meules en fonte (ou acier), les techniques de mouture vont évoluer, allégeant le travail des meuniers tout en augmentant le rendement.
La production de farine devient excédentaire et le développement des grosses structures se fait au détriment des petites structures qui peu à peu disparaissent...
Cas particulier du moulin utilisant la marémotrice
Le moulin à marée était inconnu à L’Antiquité. Il montre que les hommes du Moyen Age avaient le désir d’utiliser de nouvelles sources d’énergie. Ils sont construits dans des zones peu profondes ou des barrages permettent de créer des étangs artificiels.
L’eau de la marée montante est amenée jusque là par des canaux. A la marée descendante, le meunier ouvre les vannes et la chute de l’eau suffit pour entraîner les roues. L'inconvénient est que le moulin ne peut fonctionner que quelques heures par jour.
Le moulin à vent
Il est apparu en Europe aux alentours du XIIe siècle. Rien ne prouve que ce soient les Croisés qui aient ramené le procédé d’Orient. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que le procédé était déjà utilisé en Afghanistan dès l’an 600 de notre ère. Puis on le retrouve en Provence mais aussi aux Pays-Bas, en Angleterre et sur toute la côte atlantique.
La première trace écrite de l’existence de moulins à vent en Provence est une charte écrite datée de 1170 et retrouvée dans les archives de la ville d’Arles.
Pas si bêtes les anciens !! Le Mistral et la tramontane, mais aussi les vents du sud offraient à la population une énergie renouvelable, puissante et gratuite et la force éolienne gonfle un peu partout en Provence la voile des ailes des moulins.
Les premiers moulins étaient en bois. Ils sont de section carrés ou rondes selon les régions (toujours rondes en Provence). Partout ils sont minoritaires (1 moulin à vent pour 5 moulins à eau) sauf en Provence où ils deviennent très vite majoritaires.
Ils servent à extraire l’huile d’olive mais aussi à moudre le grain. Les moulins étaient construits à au moins 70 mètres de la route car le bruit des ailes qui tournaient risquaient d’effrayer les chevaux, et à distance du village.
Vers le XIVe siècle, les moulins sont ensuite construits en pierre avec un toit en lamelles de bois conique, fixe au début, puis tournant vers le XVe siècle ce qui permettait d'utiliser les vents venant de toutes les directions.
Les pierres sont liées par un mortier de chaux. L’encadrement des fenêtres est en pierre de taille. Les moulins provençaux n’ont qu’un étage avec un escalier et une ossature en bois. En Provence, ils ont quatre ailes qui tournent dans le sens inverse du vent (ailleurs ils peuvent avoir 6, 8 ailes ou plus). Les ailes sont formées d’une armature de bois sur laquelle sont fixées et tendues des toiles robustes identiques à celles utilisées sur les voiliers. Bien sûr on entre par une porte qui est située par sécurité sur le côté opposé aux ailes.
Dans le cas des moulins à grain ou à huile, les meules au nombre de 2 minimum sont toujours en pierre taillées dans la masse. Elles sont conçues pour durer mais doivent être régulièrement "rhabillées" c'est-à-dire que le tailleur de pierre doit à nouveau y creuser des sillons ou les ciseler en surface pour augmenter leur rugosité et faciliter le broyage.
Dès le XIVe siècle, des améliorations techniques permettent une meilleure portance (des ailes) et augmente la puissance du rotor (donc le mécanisme est plus rapide).
Sur les cartes des Cassini, premières cartes du territoire français, élaborées par la famille Cassini au XVIIIe siècle, les emplacements des moulins sont mentionnés.
En Provence, la plupart des moulins appartiennent à la communauté villageoise. Ailleurs en France ce sont les seigneurs qui imposent la «banalité» : droit de mouture et obligation de nettoyer les accès aux moulins…
Mais la Révolution industrielle fait disparaître la plupart des moulins.
Les rescapés font la richesse de notre patrimoine car ils sont les témoins de la vie passée de nos villages provençaux.
Vous trouverez ICI les étapes de la restauration d'un moulin provençal que j'ai eu la chance de découvrir lors des journées du patrimoine. Il s'agit du Moulin de Bertoire à Lambesc. Ci-dessous quelques photos de ce superbe moulin à vent et des vues de l'intérieur.