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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Les moulins...un patrimoine à préserver.

Petit historique des moulins

 

Dès le Néolithique, les hommes ont cultivé des céréales et, pour les consommer plus facilement, ils ont appris à les broyer puis à les moudre finement pour en faire de la farine.  Ils ont d'abord utilisé des systèmes manuels pour broyer les grains.

 

                                 Meule et broyeur datant du Néolithique.

 

 

Après avoir utilisé pilons et meules à main, ils utilisent des moulins à bras.

 

Moulin à bras de l'époque celtique.

 

Les hommes utilisent ensuite des "moulins à sang", moulins actionnés par des animaux (chevaux, ânes, bœufs) ou des esclaves.

 

                                      Moulin à bras utilisé pour écraser les cannes à sucre

 

Ces moulins servent aussi bien à broyer les grains, qu'à extraire l'huile ou à remonter l'eau d'un puits.

 

La plupart des maisons, dans les zones rurales, ont conservé jusqu’au XIX° siècle, un moulin rudimentaire, à usage domestique.

Pendant  plus d’un millénaire après la découverte du feu (première énergie domestiquée par l'homme), la force du vent et la puissance de l’eau ont été les seules énergies utilisées par les hommes pour faciliter leurs travaux quotidiens.

 

Au VIIe siècle avant notre ère, les Perses  utilisaient déjà des moulins, les norias, sortes de roues à aubes : une roue munie de pales permettait de remonter l'eau des puits ou des rivières pour irriguer les cultures.

Célèbre noria en Syrie

Célèbre noria en Syrie

En Europe, ce sont les romains qui les premiers utilisent le moulin. Les esclaves actionnent les roues permettant de moudre le grain, d’écraser les drupes (olives) ou d'irriguer les terres.

C’est à Barbegal près de Fontvieille en Provence qu’on trouve la plus spectaculaire des constructions hydrauliques. Cette véritable «usine» construite à flan de collines dans les Alpilles, aurait servi essentiellement à moudre le grain. De l’eau était amenée par un aqueduc en haut de la colline et se déversait ensuite en actionnant des roues à aubes en lien avec deux groupes de huit meules disposées en cascade les unes en dessous des autres. L’ensemble de ces 16 "moulins" permettait d’écraser 150 kg de grain à l’heure et de nourrir la ville d'Arles et les environs  ! L'eau se déversait ensuite dans les terres...pour l'irrigation des cultures. Cette meunerie aurait fonctionnée jusqu'au IIIe siècle.

 

L'aqueduc classé "monument historique"

 

Mais malgré ces connaissances techniques, il faudra attendre le Moyen Age pour que la machine supplante le travail manuel des esclaves.

 

Les différentes sortes de moulins

 

Il existe alors différentes sortes de moulins :

- le moulin à eau ou moulin hydraulique qui utilise l’énergie de l’eau, certains construits sur la berge d’autres plantés sous un pont en plein courant ou encore après un barrage.

- le moulin à vent qui utilise l’énergie éolienne (ou énergie du vent).

- le moulin à marée (variante du moulin à eau) implanté au bord  de la mer et utilisant l’énergie de la marée.

- le moulin à vapeur, plus récent dans lequel  les meules sont remplacées par des broyeurs en fonte ou en acier qui fonctionnent grâce à un moteur à vapeur. Ils ont été abandonnés dès l’arrivée de l’électricité.

 

Les moulins sont utilisés d’abord pour moudre le grain car sans farine, point de pain. Ils deviennent des points de rencontre pour toute la communauté villageoise.

Il existe ainsi des moulins utilisés pour :

- fabriquer la bière (en fait c'est le malt qui est concassé pour faciliter la fermentation).

- des moulins à foulon qui servaient à fouler (en les battant) les draps et la laine dans un bain d'argile ("terre à foulon") qui permettait de les assouplir (pour les draps) et de les dégraisser (pour la laine).

- des moulins à tans dans lesquels on broyait l'écorce de chêne en fines particules qui était utilisée pour le tannage végétal des peaux.

- des moulins à aiguiser le fer.

- des moulins à papier permettant de battre les différents composants de la pâte à papier en particulier le chanvre, mais aussi des matériaux recyclés (déjà!) comme des tissus, des vieux cordages,

- des moulins à l'huile utilisés pour écraser les olives et en extraire l’huile d’olive ou les noix pour fabriquer de l'huile de noix…

 

Le moulin à eau

 

C'est au Xe siècle que les moulins à eau se répandent dans toute la France. A cette époque, il n’y avait pas une rivière sans son moulin ce qui a d’ailleurs laissé des traces dans la toponymie de nos régions !

Les roues sont des roues à aubes ou à augets. Elles peuvent être horizontales ou verticales et elles entraînent les meules par un mécanisme judicieux...

Dans certains cas, l'eau est récupérée pour irriguer les terres.

 

Les moulins hydrauliques ont été utilisés jusqu’au XIIe siècle en meunerie, teinturerie, papeterie, pour faire fonctionner les forges et irriguer les terres mais aussi parfois pour extraire l’huile d’olive, décortiquer du riz…

 

Les seigneurs  les construisent sur leur propriété au bord de leur cours d’eau et s’en octroient donc le monopole.  En échange de leur utilisation, le meunier doit alors payer un impôt appelé «banalité», impôt qui ne pourra pas être appliqué aux moulins à vent (car le vent appartient à tout le monde).

 

L’invention de l’arbre à cames au XIIIe siècle va permettre l’utilisation du moulin pour une série d'opérations qui s'effectuaient jusque là à la mainIl permet de transformer le mouvement rotatif provenant de l'entraînement par l'eau de la roue à aube, en mouvement longitudinal et produit donc un effet de battage.

Les moulins permettent alors de fouler les draps, forger le fer, et scier bois et pierre. Plus tard, l'arbre à cames sera utilisé pour fabriquer du papier, pour les filatures et la teinturerie, la fonderie et pour broyer pierre ou minerais.

L’utilisation des moulins connaît ensuite un nouvel essor, lorsqu’à la révolution tous les impôts sont abolis (y compris les "banalités") : le moulin devient alors propriété de la communauté villageoise.

 

Entre le XVIe et le XIXe siècle on comptait environ 75000 moulins et près de 100 000 sous Napoléon.  Ils ne seront plus que 30 000 au début du XXe siècle.

 

L’évolution technique permet aux moulins hydrauliques de faire de la résistance : la roue se transforme en turbine, les engrenages remplacent les roues en bois,  les meules en pierre sont remplacées par des meules en fonte (ou acier), les techniques de mouture vont évoluer, allégeant le travail des meuniers tout en augmentant le rendement.

La production de farine devient excédentaire et le développement des grosses structures se fait au détriment des petites structures qui peu à peu disparaissent...

 

 

 

Cas particulier du moulin utilisant la marémotrice

 

Le moulin à marée était inconnu à L’Antiquité. Il montre que les hommes du Moyen Age  avaient  le désir d’utiliser de nouvelles sources d’énergie. Ils sont construits dans des zones peu profondes ou des barrages permettent de créer des étangs artificiels. 

L’eau de la marée montante est amenée jusque là par des canaux. A la marée descendante, le meunier ouvre les vannes et la chute de l’eau suffit pour entraîner les roues. L'inconvénient est que le moulin ne peut fonctionner que quelques heures par jour.

 

 

 

Le moulin à vent

 

Il  est apparu en Europe aux alentours du XIIe siècle. Rien ne prouve que ce soient les Croisés qui aient ramené le procédé d’Orient. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que le procédé était déjà utilisé en Afghanistan  dès l’an 600 de notre ère. Puis on le retrouve en Provence mais aussi aux Pays-Bas, en Angleterre et sur toute la côte atlantique.

La première trace écrite de l’existence de moulins à vent en Provence est une charte écrite datée de 1170 et retrouvée dans les archives de la ville d’Arles.

Pas si bêtes les anciens !! Le Mistral et la tramontane, mais aussi les vents du sud  offraient  à la population une énergie renouvelable, puissante et gratuite et la force éolienne gonfle un peu partout en Provence la voile des ailes des moulins.

 

Les premiers moulins étaient en bois. Ils sont de section carrés ou rondes selon les régions (toujours rondes en Provence). Partout ils sont minoritaires (1 moulin à vent pour 5 moulins à eau) sauf en Provence où  ils deviennent très vite majoritaires.

Ils servent à extraire l’huile d’olive mais aussi à moudre  le grain. Les moulins étaient construits à au moins 70 mètres de la route car le bruit des ailes qui tournaient risquaient d’effrayer les chevaux, et à distance du village.

 

Vers le XIVe siècle, les moulins sont ensuite construits en pierre avec un toit en lamelles de bois conique, fixe au début, puis tournant vers le XVe siècle ce qui permettait d'utiliser les vents venant de toutes les directions.

Les pierres sont liées par un mortier de chaux. L’encadrement des fenêtres est en pierre de taille.  Les moulins provençaux n’ont qu’un étage avec un escalier et une ossature en bois. En Provence, ils ont quatre ailes qui tournent dans le sens inverse du vent (ailleurs ils peuvent avoir 6, 8 ailes ou plus). Les ailes sont formées d’une armature de bois sur laquelle sont fixées et tendues des toiles robustes identiques à celles utilisées sur les voiliers. Bien sûr on entre par une porte qui est située par sécurité sur le côté opposé aux ailes.

Dans le cas des moulins à grain ou à huile, les meules au nombre de 2 minimum sont toujours en pierre taillées dans la masse. Elles sont conçues pour durer mais doivent être régulièrement "rhabillées" c'est-à-dire que le tailleur de pierre doit à nouveau y creuser des sillons ou les ciseler en surface pour augmenter leur rugosité et faciliter le broyage.

 

Dès le XIVe siècle, des améliorations techniques  permettent une meilleure portance (des ailes) et augmente la puissance du rotor (donc  le mécanisme est plus rapide).

 

Sur les cartes des Cassini, premières cartes du territoire français, élaborées par la famille Cassini au XVIIIe siècle, les emplacements des moulins sont mentionnés.

 

En Provence, la plupart des moulins appartiennent à la communauté villageoise. Ailleurs en France ce sont les seigneurs qui imposent la «banalité» : droit de mouture et obligation de nettoyer les accès aux moulins…

 

Mais la Révolution industrielle fait disparaître la plupart des moulins.

 

Les rescapés font la richesse de notre patrimoine car ils sont les témoins de la vie passée de nos villages provençaux.

 

Vous trouverez ICI les étapes de la restauration d'un moulin provençal que j'ai eu la chance de découvrir lors des journées du patrimoine. Il s'agit du Moulin de Bertoire à Lambesc. Ci-dessous quelques photos de ce superbe moulin à vent et des vues de l'intérieur.

 

Le moulin de Bertoire avec ses 4 ailes fixes perpendiculaires à la direction du vent.

Le moulin de Bertoire avec ses 4 ailes fixes perpendiculaires à la direction du vent.

Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)
Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)
Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)

Vues de l'intérieur du Moulin de Bertoire (roue en chêne et en buis, mécanisme qui actionne la meule)...)

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D
Bonjour, c'est en recherchant des livres sur les moulins que je suis arrivée sur votre blog.<br /> C'est très intéressant d'en avoir fait un historique.<br /> Est-ce que vous avez une bibliographie sur ce thème?<br /> Mon mari a restauré de nombreux moulins et ce sujet le passionne.<br /> Merci
Répondre
M
Pas de problèmes j'irai sans tarder sur votre blog. Passez une bonne journée !
D
Merci pour votre réponse;<br /> Mon mari a entrepris la construction d'un moulin à vent à scier le bois, ce type de moulin que l'on trouve encore en Hollande n'existe plus en France.<br /> Si vous êtes intéressée, vous pouvez consulter notre blog à l'adresse suivante :<br /> moulin-rouge-du-cros.eklablog.com<br /> Bonne soirée à vous
M
Merci pour votre intérêt et votre sympathique commentaire. Hélas non je n'ai pas de bibliographie sur les moulins...j'ai passé beaucoup de temps sur internet à fouiner sur divers sites pour écrire cet article. J'ai vu à cette occasion qu'en dessous de l'article de Wikipedia il y avait une bibliographie intéressante. Sans acquérir tous les livres, vous pourrez peut-être en consulter un certain nombre dans certaines médiathèques si vous habitez en ville. Peut-être en vous adressant à des musées, vous auriez aussi quelques références supplémentaires. C'est une belle passion en tous les cas et un patrimoine à conserver coûte que coûte. Passez une belle soirée