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L'arrivée au château d'Agrain en venant de Ouïdes est une belle surprise. En effet on ne le découvre qu'au dernier moment.
Quillé sur son rocher, le château devait être superbe et imposant car ces ruines sont tout à fait impressionnantes encore aujourd'hui. Il a été habité jusqu'en 1945. Ultérieurement, pour ne plus avoir à payer d'impôts, le propriétaire fait enlever la toiture. Et le temps a entrepris très vite son œuvre de destruction...
Un peu d'histoire s'impose.
Au XIIIe siècle, quand il a été construit par les seigneurs d'Agrain, une des Seigneuries parmi les plus connues dans la région du Velay, ce château protégeait tout un village. Il y avait une chapelle et un moulin du même nom.
Il était un lieu de passage obligé et il formait avec les maisons fortes de Prunet et de Séjallières, un "triangle défensif" qui bloquait un des accès à l'Allier, la rivière toute proche. Le château surplombe en effet les gorges du Malaval, un ruisseau qui se jette dans l'Allier. En descendant les gorges, se trouvait le seul passage aisé sur la rivière Allier, à Vabres exactement, où avait été construit un pont à péage.
A l'origine, les bâtiments étaient nombreux, composés d'un donjon (la partie la plus ancienne encore visible) et d'un corps de logis allongé.
Le château est ensuite agrandi au XVe siècle : une bretèche protège alors la porte d'entrée. Elle permettait de jeter des éléments solides (roches par exemple) ou semi-liquides ou liquides brûlants ( chaux, sable, soufre, poix fondue, eau ou huile) sur les éventuels assaillants.
Une bouche à feu, encore appelée canonnière, est également percée à cette époque dans la muraille d'entrée, à droite de la porte. Elle permettait de tirer au canon sur les assaillants.
Un acte de saisie datant du XVIIe siècle faisait mention d'un ensemble important de bâtiments, comprenant de nombreuses cheminées, une chapelle, des communs (étables, fournil, colombier et jardin).
Il reste de la partie la plus ancienne, une échauguette qui atteste de la présence d'un chemin de ronde et la trace des deux étages d'origine.
Pendant les guerres de religion, les protestants s'emparent du château. Il est ensuite assiégé par le Sénéchal de Chaste et le Baron de Saint-Vidal en 1588.
En 1744, il ne reste plus qu'une ferme qui sera occupée jusqu'en 1945.
Le site est aujourd'hui classé aux MH depuis 1992.
A noter il s'agit d'une propriété privée ce que j'ignorais quand nous l'avons visité, prudemment vu l'état des murs. A la demande du propriétaire, je supprime ce jour les photographies prises à l'intérieur des ruines et précédemment publiées.
Nous sommes toujours très respectueux des lieux et n'avons accédé qu'aux parties sans danger.
Je vous invite donc maintenant à entrer dans le château, sans les photos. Le texte sans les photos ne voulant plus rien dire, je modifie donc mon article.
Si vous avez la chance d'obtenir l'autorisation du propriétaire pour visiter le château, seul ou parce que vous faites partie d'un groupe de randonnée local, vous découvrirez donc la beauté des lieux.
Vous pénétrerez dans une première cour intérieure avec un silo (ou un puits ?) et un ancien porche détruit. Face à la porte, les ruines d'anciens bâtiments dont il ne reste que les murs et qui attestent de la grandeur passée de ce lieu.
A gauche, un minuscule sentier vous permettra de découvrir ce qui reste du logis principal. Par une porte vous accéderez à une grande salle comportant plusieurs ouvertures, parfois comblées, située au premier étage.
La vue d'une des fenêtres à meneaux est tout à fait spectaculaire. Vous apercevez cette fenêtre vue de l'extérieur sur mes photos en début d'article, mais aussi sur la photo ancienne ci-dessous, trouvée sur le net. Vous voyez la bâtisse encore avec son toit.
Dans cette grande salle, se trouve aussi une cheminée imposante avec la trace d'un ancien four. De cette salle, on accédait à une salle de repli obscure (ou une réserve ?) située dans le donjon.
Au niveau supérieur, le donjon présente une seconde salle obscure juste au-dessus de la première. Juste à côté une ouverture permet d'accéder à une dernière salle, la plus haute de la bâtisse.
Il nous faut à présent prendre le chemin du retour.
Quel dommage de penser que ce château ne sera sans doute jamais reconstruit, car vu son éloignement ce serait difficile de rendre ses abords praticables pour des touristes. D'un autre côté puisque sa visite se mérite, le cadre restera sauvage et encore préservé.
Enfin pour ceux que ça intéresse, tout à fait par hasard, j'ai découvert un blog avec de superbes photos, qui vous montre la visite, apparemment par un autre chemin d'accès, et sous le soleil et le ciel bleu ce qui change tout (ICI).
Et c'est avec cet article que se terminent provisoirement nos balades en Haute-Loire. J'ai encore beaucoup de choses à vous montrer mais je vais un peu changer de sujet, pour ne pas vous lasser !
Bon week-end à tous !