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La foudre a toujours à la fois fasciné et inquiété les populations rurales. Il faut dire que l'idée de tout perdre en un instant dans un incendie, fait partie des dangers qui peuvent anéantir une vie de labeur.
De tous temps, l'étude de la foudre a mobilisé de nombreux chercheurs. Mais saviez-vous qu'un des secteurs de recherche important, consistait à déclencher artificiellement la foudre, pour pouvoir l'étudier en détails ?
A proximité du petit village de Saint-Privat-d'Allier, près du hameau de Céaux, se trouve une ancienne station de recherche sur la foudre qui a attiré pendant plus de 20 ans, dans les années 70, des chercheurs du monde entier. Elle est située au milieu des champs, et seule la barrière encore accrochée au bord du chemin, indique que les lieux ont été autrefois fermés au public lors des expériences.
Le projet, a été mis en place dès 1973 à l'initiative du CEA et d'EDF. Il a permis à la station de fonctionner de 1974 à 1996. Le déclenchement artificiel des éclairs, intéressait fortement la NASA, les militaires, France Telecom et les constructeurs d'ordinateurs, entre autres.
La région n'avait pas été choisie au hasard. Il n'y avait que peu d'habitations tout autour ; c'était une région toujours fortement impactée par la foudre ; les lignes de Haute tension étaient éloignées du site.
Pour les habitants de la région, dont la plupart était des éleveurs, pragmatiques et proches de la terre, tout cela n'était qu'un objet d'inquiétude supplémentaire.
Mais pour les chercheurs, les expériences seront très vite édifiantes. Pouvoir faire tomber un éclair à un endroit donné, prévu à l'avance, et à un instant T., ne semblait pas possible et pourtant ce qui a été réalisé-là, a été tout à fait remarquable.
En juillet 1973, le premier éclair artificiel est déclenché à partir du pylône situé sur les lieux et cela grâce au lancement de fusées à partir du sol.
C'est une première mondiale, mais elle passe quasiment inaperçue dans la région à l'époque !
Quelques détails sur l'expérience, pour ceux qui me suivent encore à ce stade de l'article !
Les chercheurs faisaient la majeure partie des expériences en été, au moment où les orages violents étaient les plus fréquents dans la région. Ils attendaient qu'un coup de foudre naturel soit imminent, c'est-à-dire que le champ électrique local dépasse les 20 000 volts par mètre.
Ils se mettaient bien entendu à l'abri dans une "cabane" transformée en cage de Faraday, donc bien isolée, avant de lancer la fusée à distance par commande pneumatique.
Ci-dessous, une photo montrant l'intérieur de la cabane-cage de Faraday, avec les instruments de mesure de l'époque et les installations pour les prises de vue.
L'intérieur de la cage de Faraday avec les instruments de mesure et de prise de vues. © Vincent JOLFRE
Et voici ce qui reste de cette cabane aujourd'hui...
Les chercheurs devaient calculer précisément le moment idéal le plus proche possible des conditions naturelles. Ils lançaient alors la fusée vers les nuages d'orage. Il s'agissait d'une petite fusée de type paragrêle entrainant un fil métallique fixé au sol sur un dérouleur. Si l'éclair ne se déclenchait pas, la fusée était détruite par mesure de sécurité.
Ci-dessous une photographie extraite du site de l'Eveil ICI (article déjà cité).
Et voici les vestiges du pylône et de la rampe de tir encore en place aujourd'hui, ci-dessous.
Si ces expériences de physique vous intéressent, je vous joins en complément une publication, émanent du groupe de recherche de Saint-Privat d'Allier, et disponible en accès libre sur le net.
Huit organismes différents vont travailler sur le site, puis d'autres sites similaires seront ensuite créés, dans d'autres pays. Après avoir testé le lancement de ces fusées à Saint-Privat d'Allier, les chercheurs ont pu être déployés sur différents sites, comme celui de la NASA aux Etats-Unis, où ils étaient respectés et considérés comme des experts en la matière.
Le site a été abandonné, mais grâce aux recherches effectuées à Saint-Privat d'Allier, de nouvelles normes de protection ont pu être mises en place sur nos principales installations électriques, des réseaux de détection de la foudre seront utilisés par Météo-France, et des capteurs permettront d'en prévoir l'arrivée, et donc d'en éviter les conséquences sur nos vies : une grande avancée scientifique et un événement dont les altiligériens peuvent être fiers.
Ce site est peu connu des touristes qui visitent la région. Des sorties pour se rendre sur les lieux sont pourtant chaque année organisées pour les plus curieux. En effet, les vestiges de cette station font partie du patrimoine scientifique de notre pays, un patrimoine souvent oublié qui n'est pas toujours correctement mis en valeur (ou rénové) mais qui a pourtant toute son importance.
Il faut remarquer aussi que ces recherches scientifiques ont permis à de nombreuses personnes de la commune de découvrir un autre monde, inconnu de leur famille. Pour pouvoir travailler sereinement, les chercheurs ont en effet loué une maison, souvent pour plusieurs semaines, ou ont été hébergés directement chez l'habitant. Certains sont revenus sur place pendant plus de 20 ans, un temps bien suffisant pour tisser des liens durables.
Voici deux photos anciennes extraites du journal l'Eveil de l'époque, dont je n'ai pas la date exacte car les articles ont été découpés dans le journal sans la conserver. Elles montrent deux exemples de participation de la population locale.
Ci-dessous, un abri monté dans la cour d'une ferme à Mercury, un hameau proche de la station. L'abri était relié par radio à la station.
Et là, un des chercheurs, avec sa famille d'accueil, petits et grands, tous réunis pour la photo.
Enfin pour compléter mon article, je vous propose d'écouter cette petite vidéo, extraite de l'article de france3 régions ICI.
J'espère que mon article du jour, bien qu'un peu long vous a plu, nous allons continuer nos balades en Haute-Loire, enfin, comme d'habitude...si vous le voulez bien !