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Le térébinthe encore appelé pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) est un arbuste à feuilles caduques (qui perd ses feuilles en hiver donc) poussant dans la garrigue provençale, appartenant à la famille des Anacardiacées. C'est le "pételin" cité par Marcel Pagnol dans ses romans !
On le retrouve sur tout le pourtour méditerranéen. Il peut atteindre 3 à 5 mètres de hauteur et pousser aussi au jardin.
Ces dernières années, cet arbuste du sud s'est peu à peu installé jusque dans le Jura et même dans les vallées abritées des Alpes. Il reste cependant à basse altitude mais il résiste bien au gel.
Ce qu'il aime avant tout, c'est avoir du soleil et un sol calcaire.
C'est un arbuste à la longévité exceptionnelle qui peut vivre 100 ans !
Il se reconnaît facilement au printemps à ses fleurs en forme de panicules rouges (étonnamment je n'ai pas de photos) mais surtout à ses feuilles, d'abord jaunes ou orangées à l'automne, puis d'un rouge flamboyant dès le mois de décembre et qui perdurent jusqu'au cœur de l'hiver.
Cette année, elles sont restées exceptionnellement présentes sur les arbustes et éclairent les paysages provençaux de leur chaude couleur.
Les feuilles sont découpées en folioles (le plus souvent en nombre impair chez le térébinthe ce qui n'est bizarrement pas le cas sur mes photos).
La particularité de cet arbuste est de produire une résine très odorante qui s'écoule par les blessures de son écorce. C'est la térébenthine !
Attention ! Ne pas la confondre avec l'essence de térébenthine produite à l'origine avec cet arbuste mais qui aujourd'hui est fabriquée à partir de certaines espèces de pins. C'est un solvant donc un produit non comestible !
En Grèce, sur l’île de Chios, on utilise le térébinthe et une autre espèce proche, le lentisque, pour fabriquer à partir de leur résine, une gomme à mâcher. On utilise aussi cette "térébenthine de Chios" (appelée aussi térébenthine de Chypre ou de Hongrie) dans les cosmétiques et en médecine populaire, pour soigner en particulier les problèmes pulmonaires. Utilisée depuis l'Antiquité pour parfumer les alcools, les pâtisseries et friandises, elle faisait encore partie de la pharmacopée maritime au XVIIIe siècle.
Pour la récolter, on entaille l'écorce à de nombreux endroits d'où va s'écouler la sève (la résine), sous forme de petites perles translucides, qui durcissent au contact de l'air. C'est le mastic (mastiha en grec). Ces boulettes peuvent se consommer telles quelles et se mastiquer comme du chewing-gum.
Vous vous doutez bien que cet arbuste se reconnait donc à sa forte odeur, sa résine étant chargée en essence.
J'ai appris en faisant des recherches sur le net, que les fruits, roses vifs à maturité, pouvaient s'utiliser comme des condiments, une fois mis au vinaigre ou au sel. Je l'ignorais et bien entendu, ils ne se retrouvent pas sur tous les arbustes car il existe des pieds mâles et des pieds femelles. C'est donc le cas aussi des graines...dont on extrayait de l'huile, une fois sèches.
Le pistachier térébinthe est également utilisé en ébénisterie.
Le térébinthe est souvent envahi par des galles qui sont des excroissances de la plante provoquées par un puceron. Cet insecte piqueur pond ses œufs dans une feuille qui devient difforme et prend l'aspect d'une corne. Les oeufs se retrouvent ainsi bien à l'abri...
Son premier cousin, le lentisque (ou pistachier lentisque) qui pousse aussi dans la garrigue, mais reste cantonné à la bordure méditerranéenne, a des feuilles découpées en folioles mais ceux-ci sont plus étroits et le plus souvent en nombre pair. Les deux cousins peuvent s'hybrider dans la nature ce qui complique leur identification. Lui ne perd pas ses feuilles qui restent vertes toute l'année ce qui permet ainsi de distinguer sans se tromper les deux espèces en hiver, car elles poussent parfois à côté.
Les deux arbustes produisent tous deux cette fameuse résine aromatique. On appelait d'ailleurs en Provence, le lentisque... "l'arbre à mastic".
Son second cousin, le pistachier vrai qui produit les pistaches que vous connaissez, est aujourd'hui greffé, afin de s'acclimater plus facilement à nos latitudes, sur un pistachier térébinthe. C'est un arbuste originaire d'Orient qui a gagné le bassin méditerranéen grâce aux Romains. Il était autrefois cultivé en Provence, ce que j'ignorais.
Et voilà à quoi ressemble le térébinthe après un bon coup de mistral...il se déplume !