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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

La conversion / James Baldwin

Rivages, 2017

Rivages, 2017

Leur église s'appelait le "Temple du baptême par le feu". Ce n'était pas la plus grande église de Harlem, ni même la plus petite, mais John avait été élevé dans l'idée que c'était la plus sainte et la meilleure.

Cela fait longtemps que je voulais découvrir cet auteur américain. Je l'ai lu bien avant le confinement et il est donc grand temps que je vous le présente aujourd'hui.

 

Ce premier roman, devenu un classique aujourd'hui, écrit en 1952 (titre original "Go tell it on the moutain= "Va le dire sur la montagne" en traduction littérale)  est paru en France pour la première fois en 1957  sous le titre "Les Elus du Seigneur" et publié à La Table Ronde. C'est un des premiers livres parus sur la condition des Noirs et le plus connu de l'auteur.

Il vient d'être réédité en 2017, chez Rivages avec un nouveau titre "La conversion" et une nouvelle traduction. 

C'est un roman qui présente un grand intérêt sociologique, car il est en partie autobiographique. Il est d'ailleurs considéré comme un texte fondateur pour des auteurs plus jeunes, comme Tony Morrison et Maya Angelou. 

L'auteur nous raconte à travers l'histoire de John Grimmes, un ado de 14 ans, la vie d'une petite communauté noire de Harlem au tout début du XXe siècle. Cette vie est rythmée par les sermons, les prières et les chants de Gospel. Rien à voir avec les pratiques des catholiques en Europe.

La noirceur est partout, d'abord tous les personnages sont noirs, et même leur logement misérable est envahi en permanence d'une poussière noire impossible à supprimer, et qui semble toujours se déposer sans fin sur le sol et les tapis, malgré les heures passées à nettoyer les maisons. 

 

John réalise le jour de ses 14 ans que son destin est fixé par avance : il sera prédicateur comme Gabriel, son père.  C'est ainsi, quand on est issu d'une communauté si pieuse, mais le père voudrait que ce soit son jeune fils Roy qui le devienne. Le lecteur comprendra pourquoi au cours de la lecture. 

John vit donc une véritable crise de conscience : il rêve d'être libre, de mener sa vie selon ses propres désirs. Mais il va devoir accepter le déterminisme social, tenter de se rebeller, puis durant une longue nuit de prières collectives, trouver sa propre voie...

Mon avis...

 

L'auteur s'interroge sur la religion et les non-dits familiaux sur fond de ségrégation raciale en Amérique du Nord dans les années 30. Il décrit une Amérique qui ressemble encore beaucoup à celle d'aujourd'hui et où les gens sont finalement très seuls. Le roman retrace la lutte intérieure de John qui découvre qu'il ne pourra jamais avoir la vie d'un Blanc. 

La famille de John apparaît comme une famille tourmentée par son passé, par des non-dits mais aussi par la crainte réelle que leurs enfants tombent dans la délinquance (ce qui est le cas de Roy). 

 

Le roman se déroule principalement dans une église de Harlem le jour des 14 ans de John. Il vient d'être battu par son père, qui frappe aussi la mère. Il s'interroge sur sa vie comme l'a fait à cet âge Baldwin, sur la sincérité de sa foi, sur ses attirances sexuelles particulières (il est attiré comme l'auteur par les garçons), sur sa relation aux Blancs, sur le péché et la rédemption. Il est en effet tenaillé par la culpabilité et poursuivi par le poids de ce qu'il pense être un péché.

 

Le roman est découpé en plusieurs parties distinctes. C'est un roman choral qui donne tour à tour la parole aux différents personnages. 

John occupe la première partie (et la dernière). L'auteur campe l'ambiance de la petite communauté et présente les différents personnages du livre.

Dans la seconde partie, le lecteur découvre le passé de la famille grâce à de nombreux retours en arrière. 

C'est d'abord Florence, la soeur de Gabriel, qui nous parle de sa jeunesse, puis Gabriel qui se justifie sur sa vie, et enfin Elisabeth, la mère de John...

 

Le lecteur apprend ainsi que le père devenu prédicateur, a mené une vie dissolue dans sa jeunesse et a commis des erreurs irrémédiables. Il a effet abandonné Esther, sa jeune copine, en apprenant qu'elle était enceinte. Il s'est ensuite marié avec Deborah qui n'a jamais pu avoir d'enfants, ayant été violée par une bande de Blancs durant son adolescence. Enfin, lorsqu'il quitte le sud,  Florence sa sœur, qui a quitté très tôt la famille car elle était révoltée par l'attitude de Gabriel et son côté dépravé, lui présente Elisabeth avec qui il se mariera, espérant ainsi racheter ses fautes passées...

Quand ils regardaient Deborah, ils ne voyaient que son corps disgracieux et violé. On voyait à leurs yeux qu'ils ne cessaient de s'interroger, de manière gênée et lubrique, sur la nuit où elle avait été emmenée dans les champs. Cette nuit l'avait dépossédée du droit d'être considérée comme une femme...

C'était lui qui lui avait conseillé de pleurer _si elle pleurait_ en cachette ; de ne jamais donner aux autres la possibilité d'être témoin de son chagrin, de ne jamais faire appel à la pitié d'autrui...

...elle se disait parfois que toutes les femmes étaient maudites dès le berceau ; d'une façon ou d'une autre, toutes étaient affligées du même destin cruel, elles étaient nées pour supporter le joug des hommes.

Le lecteur découvre que Gabriel n'est pas le vrai père de John.  Son vrai père s'est suicidé alors qu' Elisabeth était enceinte. Il avait été accusé à tort par les Blancs d'avoir perpétré un casse... ce qu'il n'a pas supporté. 

L'auteur lui-aussi a été éduqué par un père prédicateur, brutal qui n'était pas son père biologique et ce n'est donc pas par hasard qu'il nous parle longuement de Gabriel. Le lecteur imagine sans peine que ce prédicateur noir ressemble beaucoup à celui qui lui a servi de père. 

 

J'ai aimé le personnage de John et ses tourments de jeune ado..quand on sait que Baldwin est devenu prédicateur à 14 ans, et ce durant près de trois ans, on voit tout de suite le lien entre lui et son personnage. Et on comprend aussi mieux pourquoi il est plein de contradictions en ce qui concerne la religion.

J'ai aimé la façon dont l'auteur mêle le passé et le présent, la vie communautaire et personnelle mais aussi les réflexions sur la condition des Noirs et la condition de la femme au sein du peuple Noirs, mais aussi face au racisme des Blancs. 

 

La religion a bien entendu un très grand rôle dans ce roman.

L'auteur parle de la foi de cette famille à chaque page. Un certain mysticisme traverse le roman, qui est entrecoupé par de nombreuses références bibliques et cela m'a souvent dérangée. Cependant cela permet au lecteur d'entrer dans l'ambiance de cette petite communauté évangéliste. Les noirs étaient très croyants et pensaient tous que leur sauveur ne pouvait être que Dieu.

J'ai cependant trouvé un peu longue la toute fin, quasiment onirique, durant la nuit où John découvre quel sera son destin.

L'auteur lui-même né à Harlem en 1924 a été élevé par un père pasteur. Comme dans le cas de John, leur relation était difficile.

Son père était venu du sud après la première guerre mondiale, de nombreuses émeutes lui ayant donné envie de quitter sa région natale pour regagner le nord où il espérait ne plus connaître les conséquences de la ségrégation. Mais hélas la réalité a été toute autre et sa déception s'est reportée sur l'auteur, qui en plus (comme pour John) n'était que son fils adoptif. 

Après avoir cru au rêve d'égalité, et aux promesses diverses d'ouverture vers un autre destin, la déception ne pouvait qu'être encore plus grande, lorsque adolescent à son tour, il a découvert qu'il n'en était rien. 

Difficile ainsi de se construire une identité noire au cœur de Harlem. 

 

A lire donc, si ce sujet vous intéresse. Il n'est pas facile à lire mais il est à mon avis incontournable, quand on veut mieux comprendre l'Histoire des noirs américains. 

Vous pouvez découvrir un autre titre de l'auteur sur le blog de Eve, ICI .

J'ai juste décidé un jour que j'allais me débrouiller pour en savoir plus qu'eux, pour que pas un seul de ces salauds de Blancs nulle part puisse jamais me parler mal et me donner l'impression que je suis de la merde.

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M
Oui, la thématique m'intéresse, c'est noté même si je ne compte pas le lire tout de suite
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M
Comme toi je note, je note et ensuite mon carnet se remplit tout en sachant qu'il va me falloir faire des choix...belle journée
L
En principe je n'aime pas trop les auteurs Américains (je ne dois pas connaître les bons) mais celui-ci , d'après ton résumé m'attire, je le note donc.<br /> Passe un beau W.E.<br /> Je t'embrasse<br /> Maryse
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M
C'est un auteur difficile à lire mais qui comme je le dis est devenu un classique car il a été le premier à dénoncer le racisme contre les noirs...Je ne regrette pas de l'avoir découvert à travers ce roman autobiographique mais d'autres de ses écrits sont peut-être plus faciles à lire pour le découvrir. bisous et une douce journée
C
Désolée pour le précédent commentaire parti trop vite.<br /> Ce livre est certainement très intéressant mais pas pour moi, ou en tous cas pas tout de suite !<br /> D'autant plus s'il est difficile à lire ...<br /> Belle soirée, bisous !<br /> Cathy
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M
Je te comprends depuis des années, je voulais le lire alors tu vois tu as le temps ! bisous
D
À lire c'est certain. Je regarderai à la médiathèque. Que de livres à lire. Bises
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M
Comme toi je déborde d'idées et je n'ai pas assez de temps ! bises
M
Bonjour Manou,<br /> ce livre m'intéresse. Je le note.<br /> Bises,<br /> Mo
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M
C'est un auteur classique désormais, voilà aussi pourquoi je voulais le lire...Avec tout ce que tu lis tu n'as jamais songé ouvrir un blog littéraire (ou en parler sur ton blog entre deux articles sur ton joli jardin ?) Bises et bonne fin de semaine
R
I read h-this controversial book many years ago. I am saddened and disturbed by much of it. Friendship
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M
Je te comprends mais tu sais tous les pays sont concernés et bien entendu c'est un livre qui fait réfléchir car au fond ce que je trouve le plus triste c'est bien que depuis l'époque où il a été écrit, les choses ne changent pas véritablement...Douce soirée Ruthie, merci pour ta fidélité et ton amitié
R
Ces inégalités ne sont pas prêtes a disparaître au US et c'est déplorable comme un peu partout contre les noirs.....Je me tâte il me tente en même temps j'ai tant à lire encore...Bisous merci de le signaler
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M
Je comprends et je l'ai lu à une bonne période (avant le confinement) pendant je n'aurai pas pu...bisous
R
Merci pour la presentation de ce roman autobiographique qui semble etre un temoignage tres riche sur les consequences des inegalites construites par les blancs. Malheureusement encore d'actualite aux Etats Unis mais aussi partout dans le monde. (Je suis toujours solidaire des personnes opprimees !)
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M
Il fallait bien que je me décide à le lire car je ne connaissais pas du tout cet auteur et j'en avais entendu parler depuis longtemps donc je me suis décidée et ne le regrette pas...ce sont les livres qui viennent à nous, voilà ce que je pense ! belle fin de journée
E
je le note, je vais voir sous quel titre je l'avais coché après avoir lu récemment "Meurtres à Atlanta" le thème me plaît j'ai très envie de retrouver la plume de James Baldwin :-) <br /> je sens approcher une forte compulsion d'achats après toutes ces semaines de confinement :-)<br /> bonne journée à toi :-)
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M
J'ai noté ton titre pour le découvrir aussi, mais pas tout de suite, j'ai envie de lectures plus faciles :) belle fin de journée
D
Il me semble avoir entendu parler de ce roman sous son premier titre, mais je ne l'ai jamais lu. Il met en avant la condition noire aux Etats-Unis et la force du déterminisme social. Un titre intéressant.
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M
C'était l'occasion que je m'y plonge, j'étais tranquille et je pense qu'il faut le lire à un moment où on n'est pas dérangé car c'est une lecture difficile :) En ce moment je passe à du plus léger :) belle fin de journée
E
Bonjour Manou. Ce roman devrait me plaire. Je note son titre. Bisous
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F
Tu lis énormément ! Je passe mon tour sur celui ci j'avoue, le sujet ne m'attire pas plus que ça mais merci pour ton analyse<br /> Bisous et douce journée
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M
Je comprends c'est pourquoi j'ai bien dit qu'il n'était pas facile...Bisous et une douce fin de journée
M
Je ne connais pas du tout et pour l'instantje ne lis pas trop j'ai d'autres occupations en cours<br /> et je n'ai que deux mains ????<br /> Gros bisous et bonne pause<br /> Mitou
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M
Moi non plus je ne lis pas trop avec les beaux jours j'ai beaucoup à faire..Euh je ne me mets pas en pause, juste je ne publierai pas samedi et lundi pour terminer ce que j'ai en cours à la maison ! bisous
S
il pourrait me plaire ce livre!!! bisous
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D
un livre intéressant vers lequel je n'irai pas d'emblée, mais qui vu l'actualité, a certainement un rôle à jouer quant à la prise de conscience
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M
Je voulais le lire depuis longtemps et puis j'ai eu envie de franchir le pas et il était temps que je le présente :)
G
s'interroger sur la religion comme cet auteur a toujours été mon cas qui suis athée et finalement je suis très bien comme cela , sans attache mais avec une grande largeur d'esprit ce qui manque beaucoup à la religion de tous bords <br /> Oups j'ai reçu un coup de fil , j'ai bavardé et me revoilà<br /> Bisous<br /> Bonne journée
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M
Pareil pour moi :) bisous et une douce soirée
C
Jamais entendu parler de cet auteur.<br /> Par contre, pour ce titre, je passe mon tour car ce n'est pas un sujet qui m'attire.<br /> Bonne journée, bisous
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M
Je comprends et en plus il n'est pas facile à lire :) Et tu vois j'ai attendu d'avoir un certain âge, on va le dire comme ça pour m'y plonger alors tu as le temps !! Bisous et une douce fin de journée
F
Peuples afro-américains issus de l'odieux commerce triangulaire et de l'esclavage soumis à la rudesse des hommes blancs s'estimant supérieurs... L’Amérique a du mal à se dégager de cette ségrégation malheureusement entretenue par la haine et la violence. Hier encore, on nous montrait à la télé l"inconcevable maltraitance policière ayant entrainée la mort d'un homme noir américain.<br /> Se réfugier dans la foi, dans l'espoir d'un dieu de clémence ou dans la mission pastorale ce peuvent être un palliatif à cette injustice et à ses monstruosités mais hélas pas l'éradication du racisme éhonté.<br /> Oui,après cette présentation, je me plongerai bien dans cette lecture.<br /> Amitiés des farfadets du Poitou.
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M
Je n'ai pas regretté de l'avoir faite, des années que j'entendais parler de cet auteur et que je voulais le connaître et quand j'ai vu qu'il était considéré comme un livre fondateur pour Tony Morrison que j'aime beaucoup lire je n'ai pas hésité une seconde et je continuerai à le lire car d'autres de ses oeuvres sont traduites en français à présent. Une belle fin de journée à tous les deux
M
Et ça continue, l'emprise sur le peuple noir, aux States, pays de tous les excès apparemment, encore un scandale, c'est moche ce racisme primaire !
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M
J'ai entendu parler en effet de cette vidéo tournée récemment...c'est plus que choquant ! bisous
M
J'aime lire les romans choraux et j'aime les écrire aussi. Mon premier roman "je dis ça mais je ne dis rien" est à un roman choral et le second dont je viens de terminer l'écriture en sera un aussi. Il doit être très émouvant. J'ai aimé ta critique qui est très agréable à lire. Bisous
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M
Je viens de programmer ma présentation de ton livre pour mardi car je publie demain et ensuite je me mets en pause trois jours, avec la chaleur je n'arrive pas à tout faire ! Je mes suis régalée :) bisous