Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Revenons encore un peu en Provence et en particulier dans le Vaucluse, sur la commune de Bonnieux où, les belles journées de ces derniers-temps ainsi que les jours qui grandissent, nous ont permis de retourner.
Aujourd'hui, je vais vous montrer un pont romain, datant de l'an 3 avant J.-C. Inutile de vous dire qu'il est classé Monument Historique depuis le 18 avril 1914.
Il a été construit sur ordre de Jules César, sur la voie Domitienne (la Via Domitia), une voie qui venait de Narbonne, qui passait par la ville de Cavaillon, puis gagnait les Alpes, avant de rejoindre Turin.
C'est la ville d'Apt toute proche, qui lui a donné son nom (Apt se nommait alors Apta Julia).
Ce pont a été construit sur une rivière appelée le Calavon dont je vous montrerai bientôt les berges...
C'est un pont dit "en grand appareil".
Il mesure 80 mètres de long et 6 mètres de large, pour une portée de 46 mètres. La chaussée fait 4.25 mètres et passe à 11.50 mètres au-dessus du lit de la rivière. Il est étonnant qu'il ne possède pas de parapet. Sans doute les pierres formant le parapet d'origine, ont été récupérées pour d'autres constructions durant le Moyen Âge...
Il est composé de trois arches en plein cintre.
L'arche centrale est la plus élevée et la plus large, les deux arches latérales étant plus petites et moins hautes...
Le pont a été bâti en molasse, une pierre calcaire riche en débris de coquillages, dont les carrières se trouvent dans le Luberon. Nos ancêtres n'allaient pas bien loin pour trouver de la matière première !
Ces pierres sont de taille imposante.
Par contre, les contreforts et les accès, modifiés dans une période plus récente, sont construits en pierres de taille petites et régulières.
Les piles du pont mesurent 3.90 mètres en amont, et 3.70 mètres, en aval.
Je me suis souvent demandée pourquoi les romains avaient prévus ces grandes ouvertures cintrées, de 3.40 mètres, sur les piles du pont. Jusqu'au jour où nous avons vu le Calavon en crue !
Ces ouvertures s'appellent des dégueuloirs et permettent aux eaux en furie de se déverser sans trop appuyer sur les piles du pont, ainsi, le pont n'est pas emporté par la crue.
On remarque aussi à l'intérieur des voûtes des trous de belles dimensions dont on ne connait pas réellement l'origine.
La première hypothèse est que dans les trous se trouvaient des crampons de bronze, inclus dans le bâti qui servaient à consolider le pont, puis ont été enlevés.
La seconde prétend que ces trous ont servi à tenir un barrage provisoire, qui permettait de récupérer l'eau via un canal.
Rénové en 1789, puis à nouveau à la fin du XXe siècle, le Pont Julien a servi pendant près de 2000 ans.
Il n'est plus aujourd'hui autorisé à la circulation depuis 2005 environ, date à laquelle le pont neuf (que je trouve particulièrement moche à côté) a été construit pour dévier la route venant de Bonnieux.
Bon d'accord, je ne suis pas objective sur ce coup-là, car j'aimais bien y passer, et j'ai des souvenirs d'épopées en 2 CV durant les weekend de ma jeunesse, pour aller voir nos amis vauclusiens.
Deux véhicules ne pouvaient pas s'y croiser et il fallait ralentir pour le franchir, ce qui n'allait ni avec la circulation, ni avec le monde moderne, ni avec le tourisme...
Le Pont Julien est donc aujourd'hui seulement emprunté par les piétons ou les vélos. Seule la voie verte qui part de Cavaillon, passe par Apt, et à terme arrivera jusqu'à Volx, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, le franchit...
Le Pont Julien compte parmi les ponts routiers romains les mieux conservés de France, et fait partie des édifices provençaux parmi les plus prestigieux.
Voilà notre visite est terminée pour aujourd'hui ! J'espère qu'elle vous a plu...
Très bientôt, je vous montrerai plus en détails, les berges du Calavon, enfin, comme habitude...si vous le voulez bien, mais en, en attendant, en voici ci-dessous un petit avant-goût de chaque côté du pont.