Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Je vous avais déjà montré cette tour particulière, visitée lors des journées du Patrimoine à plusieurs reprises, mais je crois bien ne vous avoir jamais raconté en détails son histoire, ni fait visiter son intérieur, ni montrer la vue superbe de la terrasse.
Je vais donc réparer cet oubli !
Toutes les informations proviennent du livre de Pierre Gazanhes ["Lambesc" / Marcel & Pierre Gazanhes / Editions Equinoxe, 2002 / Collection le Temps retrouvé ] ainsi que du livret distribué par l'office du Tourisme que je remercie ici pour son accueil.
Un peu d'histoire...
Le Jacquemard de Lambesc (ou jacoumar en provençal) qui s'écrit avec un "d" à la fin en français, est un jaquemart c'est-à-dire, une horloge dont le mécanisme est actionné par des automates, qui marquent le temps en frappant les heures avec un marteau. Un des jaquemarts parmi les plus célèbres et les plus anciens de France est celui de Dijon que personnellement je n'ai pas eu la chance de voir. Il y en a 27 dans toute la France dont seulement trois prennent un "d" à la fin.
Celui de Lambesc est plus modeste mais non moins célèbre car il est considéré comme un des plus remarquables de France.
Le Jacquemard est érigé sur une tour carrée, une sorte de beffroi, dont la construction commence en 1626 et se termine en 1645.
Cette tour est bâtie sur la porte principale de la cité, appelée alors Porte de Salon, ou Porte Ouest, car ouverte vers la route de Salon-de-Provence et de la Crau. Cette porte est percée dans les anciens remparts du village datant du début du XVe siècle.
La tour à cette époque possédait des créneaux et des mâchicoulis. Elle avait également deux ouvertures carrées, dont une seule est utilisée pour l'horloge côté externe aujourd'hui, la seconde étant située côté interne.
Côté interne, on peut apercevoir également dans une niche, "Notre-Dame des neiges", une vierge à l'enfant.
Au-dessus du porche, on retrouve gravé le blason de la ville.
Classée aux monuments historiques depuis 1989, la tour mesure 25 mètres de hauteur ce qui rend difficile de la prendre en entier quand on est dans la rue, à moins de séjourner à l'hôtel juste en face.
En 1598, on installe une horloge à deux cadrans, pourvu d'un disque coloré à l'extérieur qui donnait les phases de la lune. Le mécanisme utilisé était un mécanisme à contrepoids du type "roue de rencontre" sans balancier et sans ancre d'échappement.
Ce type d'horloge était réglée tous les jours avec l'aide d'un cadran solaire c'est dire la précision du temps.
Le cadran solaire est toujours située sur la tour. On le voit sur la seconde photo de l'article et ci-dessous. .
Une horloge Jacquemart est installée ensuite sur la terrasse de la tour en 1646. Elle n'a pas de protection. Le campanile n'avait pas encore été installé.
Elle contient quatre automates en acier. Les habitants donnent aux automates le nom du monument. Ils deviennent la famille Jacquemard : le père Jacoumar (Jacquemard) est forgeron (1.65 m), la mère Margarido (Marguerite) (1.60 m) et les deux enfants, un garçon, Jacquet (Jacques) et une fille, Jacqueto (Jacqueline) (1.05m chacun). La mère et la fille sont en habits de Haute-Provence, le père et le fils en costumes révolutionnaires.
Le père et la mère sonnent les heures sur une cloche de 950 kg, datant de 1643 (la date est gravée sur la cloche). Les enfants sonnent les quarts d'heures sur une petit cloche en forme de calotte.
Remise à neuf une première fois en 1827 par un horloger de Salon-de-Provence du nom de Rousset, le mouvement d'horlogerie sera remplacé en totalité en 1882 par une horloge à balancier et ancre d'échappement, plus précise. Les travaux seront effectués par Larochette, horloger à Aix-en-Provence.
A cette date, les automates en métal sont remplacés par des automates en bois, réalisés par Mouttet, un sculpteur de la même ville. Le mécanisme qui les anime est simplifié, et les personnages sont protégés par un campanile en fer forgé de 4 mètres de hauteur.
En 1909, le tremblement de terre dont je vous reparlerai bientôt, anéantit la petite ville au trois quart et détériore le jacquemard une première fois. C'est ensuite le 16 août 1944, qu'il sera endommagé une seconde fois, suite à l'explosion d'un train de munition allemand en gare de Lambesc.
Il faudra attendre 1948, pour que l'horloge soit restaurée et le cadran remplacé. Il provient de la maison Ungerer de Strasbourg...
Enfin, dans les années 90, les personnages sont descendus de la tour pour une dernière petite rénovation qui a également permis de rafraîchir le bâtiment.
On monte dans la tour uniquement lors des Journées du Patrimoine, par un escalier abrupt. En chemin, on découvre déjà les toits des maisons proches et la place en contrebas.
A l'intérieur, dans la salle du premier étage, on découvre un des deux coffres-forts de l'époque. Le plus grand contenait les clés des différents édifices importants de la ville. A sa base, se trouve un second coffre plus petit. Peut-être contenait-il de l'argent ?
On aperçoit aussi au plafond dans la salle du premier étage, la trappe qui servait à actionner le premier mécanisme à contre-poids.
Puis on accède à la terrasse. De-là on ne voit pas davantage la famille Jacquemard. Mais par contre la vue est superbe sur les alentours...
En levant le nez en l'air, on voit de plus près les gargouilles...situées juste en dessous du campanile.
Et puis, il nous faut redescendre...donc plonger dans l'escalier dans lequel on ne peut pas croiser.
Voici, pour terminer ce long article, un schéma expliquant le fonctionnement de l'horloge. Cela fait plus de 10 ans que je l'ai dans mes fichiers et je crois qu'il m'avait été transmis, par l'intermédiaire du Musée du village, par Pierre Gazanhes lui-même, suite à une de nos visites "Patrimoine", effectuées avec les élèves du Collège. Ce schéma se trouve dans le livre mentionné plus haut.
Voilà, notre balade est terminée pour aujourd'hui.
Nous allons continuer nos balades en Provence, enfin, comme d'habitude... si vous le voulez bien !