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Voilà un billet fleuri pour vous montrer les quelques fleurs de printemps que j'ai observé en Haute-Loire (donc faisant partie de la flore "altiligérienne"...) lors de mon dernier séjour...
Aujourd'hui et demain, nous allons en effet nous balader sur des chemins qui bordent les prairies.
Je vous ai déjà montré récemment quelques fleurs des forêts. Il faut savoir que dans le département de Haute-Loire, les forêts représentent environ 40 % de la surface totale agricole. Les prairies sont de toute beauté au printemps et représentent près de 50 % de la surface totale des terres. Le reste est constitué de céréales, de légumineuses et autres cultures...
Voilà pourquoi c'est une région si verte !
Au contraire de ce que l'on pense, les prairies ne sont pas toutes naturelles. Depuis une dizaine d'années certains éleveurs sèment des prairies temporaires en ray-grass, une plante vivace fourragère qui ressemble beaucoup au gazon...et qui devra être resemées régulièrement. Ces prairies constituent un milieu artificiel pauvre au niveau de la biodiversité car elles contiennent peu de plantes mellifères. Le fourrage est abondant mais ces prairies sont fauchées assez tôt dans la saison car elles résistent mal aux températures d'été. Les éleveurs les cultivent souvent pour fabriquer de l'ensilage qui complétera la nourriture hivernale de leur bétail.
Les prairies naturelles sont au contraire implantées depuis des années. Elles ont été le résultat du défrichage des forêts au cours des temps. Enrichies naturellement par le pâturage régulier des animaux, elles constituent un milieu naturel riche au point de vue de la biodiversité. Le fourrage est moins abondant, certes, mais qualitativement meilleur et la prairie résiste mieux aux aléas du climat, en particulier lors des sécheresses d'été.
Loin de moi l'idée de critiquer les pratiques des éleveurs. Je connais leurs difficultés financières et je n'ignore pas que leurs revenus sont en moyenne 30 à 35% plus faibles, comparés au salaire moyen d'un agriculteur au niveau national. Je suis proche d'eux lorsque je suis en Haute-Loire, et je vois bien comment ils vivent... mais il faut tout de même savoir que la FNSEA les pousse à remplacer les prairies naturelles pour avoir un meilleur rendement.
Toujours ce rendement, on n'entend parler que de lui, au détriment de la qualité et de la préservation des milieux naturels et de notre planète... Alors qu'il suffirait d'aider les éleveurs en achetant leur lait au juste prix et en les incitant plutôt à diversifier leurs ressources et à produire de la qualité.
Mais revenons à nos jolies fleurs de printemps !
Voici quelques-unes des fleurs que l'on trouve dans les prairies naturelles donc, en avril...
- la cardamine des prés (ou cresson des près) est une plante fréquente dans les prairie humides. Elle est la plante hôte de quelques chenilles et joue donc un rôle important pour préserver ces espèces...
Les pissenlits envahissent les prairies, donnant une tonalité jaune au paysage. Souvent, ils poussent aussi en bordure des chemins et près des maisons.
Les coucous sont bien présents et presque envahissants !
Très fréquemment, les champs d'altitude sont éclairés par de superbes jonquilles (du genre narcissus). Ce qui est surprenant c'est que cette espèce "montagnarde", a une très grande fleur par rapport à celle que nous trouvons dans la garrigue provençale, et bien plus grande que celle de nos jardins puisqu'elle peut atteindre 6 cm.
Très fréquentes aussi sont ces fleurs jaunes qui poussent le long des ruisseaux et dans les creux naturels des champs plus humides.
Il s'agit des populages des marais (Caltha palustris). C'est une plante que l'on peut confondre aisément avec la ficaire qui pousse en Provence et que je vous ai déjà montré. Toutes deux ont une feuille en forme de coeur et des fleurs jaunes.
Mais le populage possède un petit nombre de pétales (5 en principe) alors que la ficaire en a au moins 10, entre autres différences...
Encore jaunes sont les fleurs de nos petits boutons d'or.
Nous en avons fait tant de bouquets lorsque nous étions enfants, que c'est une des fleurs parmi les plus connues de nos campagnes...
C'est beaucoup plus rare de rencontrer ici ou là quelques touffes de pensées sauvages...jaune et blanche. Pensées des champs ou pensées tricolores, je n'ai pas réussi à trancher !
Dans le Massif Central la plupart des prairies naturelles ont été mises en place pour la première fois durant le Néolithique. Puis elles ont été façonnées pendant des millénaires et la diversité de la flore a évolué au cours des temps pour s'adapter aux pratiques agropastorales.
Au point de vue agricole, on distingue en fait plusieurs types de prairies : les prairies de fauche qui seront utiles pour produire du foin pour l'hiver et seront donc coupées d'un coup en été en totalité ; les prairies pâturées où les troupeaux sont parfois laissés toute l'année mais qui sont broutées donc coupées au rythme naturel des animaux.
Ces espaces naturels sont le premier maillon de la chaîne alimentaire et permettent à de nombreux insectes de se nourrir et de se développer, eux-même servant à leur tour de nourriture aux oiseaux...et aux petits mammifères.
N'oublions pas qu'elles évitent aussi l'érosion des sols ce que ne font pas les cultures intensives.
Pensez à laisser un coin de prairie sauvage dans votre jardin, où que vous habitiez, c'est très important pour notre planète !
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