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Comme je vous l'ai annoncé hier la petite commune de Vergezac dans la Haute-Loire est tout à fait d'avant -garde.
Tout d'abord on y cultive les lentilles...
Et je crois bien qu'ils sont une bonne douzaine à le faire sur cette petite commune (au bourg mais aussi dans les hameaux alentours).
Bon ça d'accord, je vous l'accorde, c'est plutôt commun dans la région !
La lentille verte du Puy, je vous le rappelle est cultivée exclusivement en Haute-Loire par près de 900 producteurs, sur environ 5 000 hectares d'un terroir exceptionnel constitué du Velay basaltique et du bassin du Puy-en-Velay. Elle bénéficie depuis 1996 d'une A.O.C et, depuis 2008, d'une A.O.P.
L'appellation d'origine contrôlée "Lentille verte du Puy" est réservée aux lentilles de 3,25 à 5,75 mm de diamètre, portant sur un fond vert pâle des marbrures vert-bleu sombre et possédant une peau fine et une amande non farineuse leur conférant une cuisson rapide.
La lentille aime pousser en terrain léger et légèrement sablonneux et supporte peu de calcaire.
Elle aime pousser dans le Velay parce qu'elle y bénéficie d'un micro-climat qui correspond exactement à ses besoins. Elle souffre du froid lorsqu'on la sème au printemps. Elle a suffisamment d'eau jusqu'en juin, date à laquelle elle fleurit. Et elle a un ensoleillement suffisant en été tout en souffrant même d'un peu de sècheresse ce qui empêche sa complète maturité et le durcissement du tégument extérieur. Elle est donc récoltée dès le mois d'août avant que les graines ne soient arrivées à totale maturité.
Mais saviez-vous que ses vertus sont tellement excellentes qu'elle a été surnommée pendant longtemps "le caviar du pauvre" ?
Vous en saurez encore davantage sur elle et vous trouverez des idées de recettes sur le site officiel et oui c'est étonnant n'est-ce pas, mais la lentille verte du Puy a son site officiel.
Mais ce qui fait surtout l'originalité de la commune, c'est la culture qu'effectue Patrice Prunet, un des agriculteurs en Bio installé sur la commune depuis 1978, que je peux nommer car son innovation a fait l'objet d'un article dans le journal local "la montagne".
C'est l'un des premiers agriculteurs du Velay à avoir associé, à la culture des lentilles, une plante très peu connue dans l'hexagone et aussi du grand public, qui pourtant a été cultivée en Europe et dans le nord de la France depuis 3 000 ans et jusqu'à la fin du XIXe siècle, la cameline de son petit nom savant, "Camelina sativa" et qu'on appelle aussi "petit lin", "lin bâtard", ou "sésame d'Allemagne".
Trop méconnue, la Camelina Sativa est utilisée pour produire une huile riche en oméga 3
Quand on évoque les champs du plateau du Velay, c'est bel et bien la lentille verte qui vient en premier à l'esprit. Pourtant, il est une plante qui suscite la curiosité tant sa culture peut ...
L'article complet du journal "La montagne" qui j'espère restera en ligne un certain temps...
A quoi ressemble cette plante ?
La cameline est une plante de la famille des Brassicaceae (comme la moutarde, le colza, le chou...). On ne peut pas dire quelle soit très belle et si vous la trouvez dans la nature vous aurez tout à fait raison de la considérer comme une mauvaise herbe. C'est ce que les agriculteurs appellent d'ailleurs une adventice : elle s'installe là où on ne lui a pas demandé expressément de le faire, mais comme certaines d'entr'elles, elle est très utile.
Un peu d'histoire...
Autrefois cette plante était cultivée abondamment. Sa région d'origine est sans nul doute la Russie ou l'Ukraine.
On tirait de ses nombreuses graines une huile qui entrait dans la fabrication des savons et des peintures ou de combustible d'éclairage. On utilisait les fibres de ses tiges, à la fois souples et résistantes pour fabriquer des balais et les résidus étaient donnés aux animaux en particulier aux vaches laitières.
Personne n'avait l'idée de la consommer.
Sa culture a connu un déclin au Moyen Age pour être abandonnée dès le début du XXe siècle. Son usage a été remplacé par des produits bien moins naturels.
Pourquoi est-elle cultivée à nouveau aujourd'hui ?
On a découvert que les graines de cameline possèdent une grande richesse en omega-3 (plus de 45%), en particulier de l'acide alpha-linolénique que notre corps ne peut pas synthétiser tout seul et que nous sommes donc obligés de consommer dans notre alimentation tous les jours.
Ces omega3 sont bénéfiques à notre santé et nourrissent notre peau de l'intérieur, tout en préservant notre santé (en particulier en prévenant toutes les maladies cardiovasculaires), mais aussi notre jeunesse et notre beauté.
L’huile de cameline contient en plus des oméga 3, des oméga 6 – acide alphalinoléique (16 à 25%) et des oméga 9 (acide oléique).
Vous savez tous que l'on doit en consommer davantage dans notre alimentation quotidienne pour équilibrer notre apport alimentaire et respecter le bon équilibre omega3-omega6.
Je ne vais pas vous faire un cours là-dessus rassurez-vous !
La caméline, de par ses vertus peut donc être considérée, puisque cette appelation est à la mode, comme un alicament.
Comment la consommer ?
Elle se consomme directement sous forme d'huile pour assaisonner à cru vos salades ou bien, pour ceux qui n'aiment pas son goût d'amande, tout simplement en gélules.
L'inconvénient est que sous forme d'huile, elle doit se conserver à l'ombre et au frais.
Mais, l'huile peut servir aussi de produit de beauté.
25 à 30 % de la production de caméline actuelle est utilisé pour fabriquer de d'huile. Le reste est récupéré pour l'alimentation du bétail.
En Europe, sa culture reprend dans le nord de la France, mais aussi en Allemagne et en Suisse.
On pratique aussi sa culture à petite échelle aux Etats-Unis et au Canada où elle a été introduite, par hasard, dès le XIXe siècle vraissemblablement avec des graines de lin.
Pourquoi cette plante est-elle cultivée avec les lentilles ?
Tout simplement parce qu'elle a la faculté d'étouffer les mauvaises herbes ce qui la rend très utile semée avec les lentilles. Mais attention, le dosage doit être fait avec beaucoup de doigté car sinon, s'il y en a trop , elle peut aussi étouffer les plants et freiner la récolte.
Du coup, Patrice Prunet en sème aussi séparément dès le printemps, vers la mi-avril et la récolte trois mois plus tard environ.
La caméline est une plante très résistante au gel lors du semis et, comme les lentilles, à la sécheresse de l'été.
De plus, les insectes ravageurs semblent la fuir...ainsi que la plupart des maladies. C'est donc une plante qui va devenir bientôt indispensable, surtout aux agriculteurs en Bio.
En dehors de l'alimentation, à quoi peut-elle servir ?
Elle peut être utilisée comme agrocarburant et des expériences concluantes ont été effectuées dans l'aéronautique aux Etats-Unis.
Un bel avenir s'annonce donc pour cette plante et pour ceux qui en reconnaissent les vertus ou ont la bonne idée de la cultiver !
Une découverte pour moi qui aime les plantes, car je ne la connaissais absolument pas et je compte bien au printemps prochain venir faire mes propres clichés dans les champs...