Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Comme promis, nous voilà au départ du hameau de la Vialle d'Estours où nous avons pu garer la voiture près du couder(c)...
Il faut suivre la petite route un bref instant puis prendre le large chemin qui descend à droite vers les gorges de la Seuge.
Ce chemin caillouteux et très pentu est interdit à la circulation car il n'est pas praticable en voiture. La seule possibilité de se rendre à la chapelle, c'est à pied !
Nous la découvrons très vite au premier lacet formé par le chemin. Elle est bien là, cette petite chapelle sur son promontoire rocheux au-dessus de la rivière. A cet endroit, il y un banc pour ceux qui veulent, à deux pas de la route, profiter de la beauté du site sans forcément y descendre.
Il faut dire que le site est grandiose : la Seuge, qui va se jeter dans l'Allier à Prades, a creusé des gorges profondes dans les roches. La forêt est partout et les gorges sont si abruptes qu'on ne voit pas la rivière...
De l'autre côté de la vallée, on aperçoit le village de Cubelles par lequel on peut aussi atteindre la chapelle à pied.
Un peu d'histoire
Le culte de Notre-Dame des Tours (qui deviendra plus tard d'Estours), aurait débuté vers 1100-1200.
La légende dit que Notre-Dame serait apparue à des enfants qui gardaient leur troupeau près des gorges. Elle leur aurait demandé qu'on lui érige une chapelle.
Mais voilà exactement ce que dit la légende :
Le culte de la Vierge y remonterait au temps « immémorial », où, selon la légende, la Vierge apparut à des petits pâtres dans la montagne, leur signifiant qu’« elle voulait ici recevoir la louange de son peuple et lui accorder ses bienfaits ». Peu après, on dit que des vachers de Cubelles trouvèrent, dans la fente quasi-inaccessible d’un rocher voisin dominant la Seuge, une statue de la Vierge, signalée par les meuglements persistants de bœufs, sur la rive opposée. On porta cette statue à l’église de Cubelles, puis de Monistrol d’Allier, puis de Saugues ; mais elle revenait toujours dans ses rochers, où l’on finit par lui construire un sanctuaire.
Les fondateurs de cette chapelle furent des seigneurs locaux, les De Peyre et les Douchanès. Ils firent construire une première chapelle sur le lieu-dit appelé à cette époque "Les Tourns".
Ce mot désignait au Moyen Âge en langue d'oc, un "promontoire qui s'avance au niveau du coude d'une rivière". La chapelle est bâtie en effet sur un éperon rocheux qui domine la Seuge.
En Haute-Loire, on trouve beaucoup de toponymes ou des noms de village contenant ce mot !
Au départ c'est dans la chapelle que se trouvait la Vierge en majesté que je vous ai fait découvrir en visitant l'église de Monistrol-d'Allier. On dit que cette statue aurait pu être rapportée des Croisades, ou bien alors qu'elle est l'oeuvre d'un sculpteur local...
Je vous la montre à nouveau pour ceux qui n'ont pas vu mon article. Pour en savoir plus je vous invite à consulter ce site ici.
Vierge en majesté en bois polychrome
(Eglise Saint-Pierre de Monistrol-d'Allier)
En 1464, un prieur est nommé à la chapelle ce qui prouve qu'elle est très fréquentée. Son patronage passe ensuite à la famille d'Apchier.
Démolie pendant les guerres de religion, la petite chapelle d'origine est reconstruite et agrandie vers 1560. A la nef et l'abside en cul de four d'origine, on accole des chapelles latérales et un clocher.
La vierge sera implorée pendant longtemps par la population et les pèlerins, lors des famines, des épidémies, lors des vagues de peurs qui ont fait suite aux massacres perpétrés par la célèbre "bête du Gévaudan"...
Malgré sa situation isolée, cette petite chapelle reste toujours largement fréquentée par un public encore très nombreux en toute saison.
Est-ce parce que les prières ont été exaucées, ou parce que dans ce site remarquable, nous nous sentons tellement petits face à la nature grandiose que nous devenons plus humbles et plus à même d'être heureux de l'instant présent ?
Je n'ai pas la réponse, mais la vue de cette chapelle apporte son lot de douceur et de rêve dans ce pays rude, resté pauvre et isolé pendant de nombreuses années.
La Vierge a été couronnée en septembre 1913. A l'époque d'après un journaliste présent, une dizaine de milliers de fidèles seraient venus à pied de Prades ou du plateau, pour la vénérer...
Puis la chapelle a été inscrite aux Monuments Historiques en 1926.
Chaque année un pèlerinage a lieu début septembre. Il met à l'honneur ce sanctuaire bâti entre le Gévaudan et le Velay et attire toujours les foules. Un jour peut-être...
Comme vous le voyez sur mes photos, le clocher porche de la chapelle était en travaux.
Voici quelques détails visibles à travers les échafaudages...et la porte qui bien entendue était fermée !
En face de l'église se trouve la vierge. On peut grimper jusqu'à ses pieds pour admirer la vue...
En descendant dans la vallée, une passerelle permet de traverser la rivière (quand elle n'est pas en crue) pour remonter jusqu'au petit village de Cubelles. Les courageux peuvent même partir de Prades et faire un circuit que nous tenterons peut-être un jour, qui sait...
Ici et là affleure le fameux granite à dents de cheval dont je vous ai parlé dans mon article précédent...
La flore est celle que l'on retrouve dans les sous-bois humides et le sentier est très agréable en été.
Cependant, cette année, nous avons choisi de rebrousser chemin avant d'atteindre le village.
Il nous faut à présent à regret, quitter le sous-bois, contourner le grand éperon, retraverser la rivière et retrouver la sécheresse du plateau...et le chemin qui monte vers le village !
Et jeter un dernier coup d'oeil sur le site avant de rejoindre la voiture...
Et pour finir cette visite, je vous propose cette vidéo découverte sur youtube qui vous montre à quel point ce site grandiose mérite la visite...