Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Quand j'étais enfant on disait, lorsque les mûres commençaient à apparaître dans les haies ou les forêts, que c'était bientôt la fin des vacances !
Mais "en ce temps là" (je sais c'était au temps des dinosaures !) la rentrée des classes était plus tardive...
Nous revenions de nos escapades, le visage barbouillé, le tee-shirt (ou la chemisette !) tâché, les jambes (nues) égratignées et les mains noires pour plusieurs jours car bien sûr nous en avions mangé autant que mis dans le panier.
Avec celles du fond, un peu meurtries, ma mère faisait du sirop ou des confitures. Les plus jolies étaient mangées en tarte pour le goûter.
Maintenant si vous voulez profiter des mûres, il faudra faire l'école buissonnière ou aller obligatoirement vous promener le week-end en famille au lieu de courir les magasins.
Cela fera du bien à tout le monde pour la rentrée...
Un peu d'histoire
La mûre serait originaire des montagnes du Caucase.
La mûre sauvage est connue depuis l'Antiquité. Les Grecs la consommaient déjà en sirop et avaient découvert ses vertus thérapeutiques. Ils s'en servaient pour soigner la goutte et les maux de gorge.
D'après la mythologie grecque, elle serait d'ailleurs issue du sang des Titans, répandu lors de leurs combats contre les Dieux de l'olympe...
Selon Pline, elle "combat le venin des serpents les plus dangereux".
Les Celtes la considéraient comme une plante magique qui apportait la richesse et permettait de conserver la santé.
De l'Europe elle a ensuite gagné l'Amérique où elle était consommée, séchée, par les Amérindiens.
Dès le Moyen Âge, les moines fabriquent avec les fruits un vin délicieux, le moretum, ou "vin des moines" qu'ils consomment uniquement les jours de fête.
Le mot "moretum" vient du latin "mortarium" qui signifie "mortier".
Le "moretum" est aussi un plat traditionnel d'origine italienne, composé d'herbes, de lait, de vin, et de farine…le tout pilé dans un mortier).
Ce vin (le moretum) était aromatisé à la mûre mais aussi à la prune (ou tout autre fruit rouge). Il a été peu à peu remplacé par l'hypocras, qui utilisait des épices et se conservait plus longtemps.
Dès le XVe siècl, on retrouve la mûre en méditerrannée...
Les ronciers sont très importants pour l'écosystème des haies et des bois.
D'abord, ils servent de refuge à de nombreux oiseaux et à des petits animaux, comme les lapins et les lièvres par exemple.
Les fleurs sont très mellifères et servent de nourriture non seulement aux abeilles mais aussi à de nombreux autres insectes.
Les mûres sont consommés par de nombreux oiseaux, par les sangliers et les renards.
En montagne ce sont les cerfs, les chevreuils et les ours qui se nourrissent des baies.
Tous ces animaux favorisent la dispersion des graines qui, n'étant pas digérées, se retrouvent dans leurs excréments.
A noter : Il existe des variétés cultivées de mûres sans épines qui sont délicieuses...Seules la richesse en vitamines des fruits diffère de la variété sauvage (comme toujours !)
En Suisse romande, en Haute-Savoie, ainsi que dans le Nord-Pas-de-Calais, on appelle la mûre « mûron » ou « meuron ».
Les vertus de la mûre
Les fruits sont très riches en vitamine B (en particulier B9), vitamine E, vitamine C et en provitamine A. Ils contiennent aussi des minéraux (en particulier du potassium, du magnésium, du calcium et du fer) et des oligoéléments (zinc, cuivre et manganèse). De plus, malgré leur goût sucré, les mûres sont très peu caloriques mangées telles quelles.
Leur richesse en fibre est intéressante.
Pensez-y ! Dans la nature, les mûres sont gratuites et permettent de préparer des desserts variés.
Evitez toutefois de les cueillir près des routes ou au bord des vignes non cultivées en BIO.
Laisser donc vos enfants se salir et se piquer...car les pigments qui tachent abondamment mains et vêtements sont des anthocyanes, des antioxydants puissants protecteurs de la jeunesse !
Les éraflures et piqûres inévitables se trouveront amplement soulagées en appliquant quelques feuilles fraîches hâchées de roncier ou une lotion faites avec une décoction de feuilles.
N'oubliez pas d'en ramasser...
La mûre est un fruit fragile qui doit être consommée sur place et quelques heures maximum après la cueillette. Elle sera moins agréable à consommer le lendemain, même conservée au réfrigérateur et aura perdu sa saveur et sa vitamine C.
Par contre elle se conserve très bien au congélateur ce qui vous permettra de faire des desserts tout l'hiver. Vous pouvez en faire des confitures, du sirop, des crumbles, mélangée ou non à d'autres fruits rouges ou à des pommes, des tartes...
Mais attention la mûre doit être cueillie avant le 11 octobre (dans notre calendrier actuel) : cette date est appellée le "Jour de la mûre".
On dit que c'est un 11 octobre que le diable, chassé du paradis, s'est écrasé sur un roncier.
Chaque année à cette date, le diable cracherait (beurk !) sur les mûres pour qu'elles deviennent immangeables... qu'on se le dise, le diable est un rancunier !
A noter : Le jour de la mûre était, dans le calendrier républicain le 9e jour du mois de Thermidor, c'est-à-dire, sauf erreur de ma part, le 27 juillet exactement !