Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
C'est la première guerre mondiale. Jean et Marthe sont heureux dans leur petit village de Corrèze et s'occupent de leur ferme mais, voilà qu'il faut se séparer pour quelques temps.
Heureusement, ils ne savent pas que ce sera pour longtemps.
Ce mercredi soir-là de décembre, en parallèle, quand le clocher de Costes-Blanc sonne 22 heures, ils pensent l'un à l'autre sans le savoir.
Lui, Jean, est mort de froid (et de peur) au fond de sa tranchée boueuse. Pour ne pas s'endormir, en attendant la relève, et pour oublier les rats et les lignes ennemies si proches, il se force à penser aux jours heureux même si cela lui fait du mal. Il pense à sa dernière permission, à sa stupéfaction lorsqu'il a trouvé sa ferme en ordre, à ses enfants qui ne le reconnaissaient pas, à sa mère alitée après une mauvaise pneumonie et, à Marthe, son amour de toujours.
Mais la jeune recrue qui tremble de peur à son poste les met en danger tous les deux...
A la ferme des Combettes, Marthe sait qu'il est inutile d'aller se coucher : le sommeil ne viendra pas. Depuis que Jean est parti, elle n'arrive jamais à trouver le sommeil avant minuit. Elle en a pourtant bien besoin, exténuée comme elle est par ses journées harassantes de travail. Alors, tout en tricotant un pull-over chaud, qu'elle lui enverra le plus tôt possible, elle pense à tout le travail qu'elle a accompli depuis son départ deux ans auparavant. Elle pense à son amour pour lui. Elle pense à sa première permission, au bonheur qu'elle eu de le retrouver et à lui, tel qu'elle l'a trouvé, si fatigué et détruit par la guerre et les horreurs qu'il avait vu ou vécu.
Elle pense à sa joie lorsqu'elle a vu qu'il était fier d'elle.
Elle revit ses difficultés de relation avec sa belle-mère qui n'arrête pas de lui faire des reproches.
Elle songe aussi à la solidarité qui est née entre toutes les femmes du village pour s'entraider et pour soutenir son amie devenue veuve de guerre avec 5 jeunes enfants...
Minute par minute, le temps s'écoule pour tous les deux, espérant que le drame les épargnera.
Aucun des deux ne se doute qu'ils vont bientôt se revoir...
L'auteur choisit de faire alterner les chapitres où Jean et Marthe parlent.
Le lecteur entre au coeur de la vie de ce couple et partage avec eux cette guerre qui les dépasse.
Il assiste à la libération des femmes qui ont prouvé qu'elles pouvaient remplacer les hommes à la maison comme dans leur travail.
Elles ont fait tourner leur ferme, sont allées à l'usine et ont participé à la guerre à leur façon, en particulier en maintenant à flot l'économie du pays.
On ne peut qu'admirer Marthe, son courage, sa détermination, sa volonté de mener la ferme pour Jean, qu'elle aime de tout son coeur, tout en préservant ses enfants.
Si ce roman n'apporte rien de plus sur la guerre car on connaît déjà la vie des poilus dans les tranchées à travers de nombreux récits et témoignages tous plus émouvants les uns que les autres, il a le mérite de proposer un point de vue différent, celui de ces femmes qui ont attendu pendant des années de voir revenir leur homme à la maison, meurtri ou blessé mais surtout vivant...
C'est un véritable hommage rendu à la génération de mes grands-parents à lire et faire lire aux ados absolument.
C'est un roman du terroir, un roman sur le thème de la guerre mais aussi un formidable roman d'amour.