Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Enfant, je grandis donc devant Spyridon qui marinait devant sa tranche de cervelet, un père court-vêtu vivant comme un célibataire, et une mère quasiment mariée à son propre frère qui aimait dormir contre sa sœur et devant les litanies de la télévision. Je ne savais pas ce que je faisais parmi ces gens-là et visiblement, eux non plus.
J'ai eu beaucoup d'hésitation avant d'emprunter ce livre car je savais par avance que le sujet n'était pas facile puisqu'une de mes amies l'avait présenté lors de notre Cercle de Lecture mensuel. Comme d'habitude, je voulais me faire ma propre idée sur la question...
Le début du livre est assez léger.
Paul Katrakilis vit aujourd'hui en Floride où il est devenu joueur professionnel de pelote basque dans un club de parieurs.
Il est, semble-t-il, le plus heureux des hommes puisqu'il a des amis, des activités, un bateau et une vieille voiture et surtout que ses fantômes sont loin de lui.
Comment en est-il arrivé là, lui qui a fait des études de médecine, comme son père avant lui, et son grand-père ?
Pourquoi n'a-t-il presque plus de contact avec son père ?
Le lecteur va apprendre peu à peu la douloureuse histoire de cette famille frappée de folie où tout le monde (ou presque) s'est suicidé.
D'abord il y a eu Spyridon, le grand-père, un médecin de Staline qui a conservé toute sa vie dans le formol, une tranche du cerveau du grand homme ; puis l'oncle et peu de temps après Anna, la mère qui entretenait avec son frère des rapports inhabituels et peut-être incestueux.
Et voilà qu'au milieu du bonheur, alors que Paul vient à peine de sauver des eaux, Watson, qui va devenir son plus fidèle compagnon, on le convoque au Consulat : Adrian, son père, vient de se donner la mort lui-aussi. Voilà Paul obligé de rentrer immédiatement à Toulouse pour les formalités...
Paul a toujours entretenu des rapports lointains avec son géniteur mais, au moment de son enterrement, il va découvrir un grand nombre d'inconnus et être surpris de son aura.
Puis alors qu'il est retourné au Mexique, des événements imprévus comme une longue grève des joueurs de pelote basque, suivie par une très grande déception sentimentale, vont obliger Paul à retourner à Toulouse où il s'installe dans la maison familiale et accepte de reprendre le cabinet paternel_ce que tout le monde attendait impatiemment.
Il exercera ainsi pendant près de dix ans, retournant de temps en temps pour quelques jours de vacances, voir ses amis outre-atlantique.
C'est durant ces années qu'il va découvrir deux étranges carnets noirs, glissés dans le bureau de son père, qui lui dévoilent en détails ses activités et surtout, font montre de sa véritable personnalité.
Se met alors en place pour Paul, une suite d'événements qui l'amèneront peu à peu vers son inexorable destin.
Il n'y a rien de ridicule à pleurer la mort de son chien. Nous avions partagé nos vies et Warson était bien plus proche de moi que mes parents ne l'avaient jamais été. Nous avions un langage commun, nous nous comprenions et, un an après sa disparition, je guettais encore le bruit de ses pattes quand il dévalait l'escalier.
On ne choisit pas sa famille, tout le monde le sait, et fuir n'est pas forcément une solution durable. Notre héros Paul en fait, dans ce roman, la douloureuse expérience puisque l'histoire familiale va le rattraper.
C'est un roman désespérément mélancolique que j'ai apprécié, car l'écriture de l'auteur est simple et fluide, émouvante et étayée de pointes d'humour, malgré la gravité du sujet.
Mais il y a deux bémols qui m'ont empêché d'apprécier en totalité sa lecture.
Le sens du détail, qui est un des charmes de l'écriture de l'auteur, s'est avéré être carrément ennuyeux lors de sa description, certes très réaliste de la longue grève des joueurs de pelote basque qui, du coup, m'est apparue d'autant plus longue.
La lente résignation de Paul face à ce passé familial dont il ne réussit pas à se défaire, est concevable pour le lecteur au vu de son vécu, mais incompréhensible en regard des événements heureux qu'il a pu vivre en Floride.
La fin du coup m'est apparue peu crédible car je ne suis pas arrivée à accepter qu'alors que des amis l'attendent en Floride, et qu'il se sent si seul en France, il ne retourne pas vivre là-bas, pour y couler des jours heureux.
Alors voilà...par rapport aux précédents livres de l'auteur que j'ai pu lire dans le passé, bien avant d'avoir ce blog, je suis donc plutôt déçue par le déroulement, trop pessimiste, des événements.
Moi je veux croire Monsieur Dubois, que tout être humain a le pouvoir de modifier le cours de sa vie en contrant le destin familial...