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Après la passionnante visite de la savonnerie Marius Fabre de Salon-de-Provence, que je vous invite à venir visiter ainsi que son musée lors d'une de vos escapades provençales, la découverte très intéressante de la fabrication du véritable savon de Marseille, et de sa petite histoire, je poursuis aujourd'hui mon périple sur le patrimoine autour du savon, par une balade au coeur même du quartier des Savonniers de la ville.
Grâce à l'ouverture de la gare de chemin de fer en 1873, la ville de Salon-de-Provence devient la capitale des huiles et des savons. Avant 1914, on recensait environ 16 savonneries, et près de 400 négociants en huile d'olive, savons et cafés.
Ces négociants s'installent un peu partout aux entrées stratégiques de la ville dans ce que l'on appelle aujourd'hui, le quartier des savonniers.
Dès la fin du XIXème, ils commencent par acheter de superbes terrains en bordure de la ville, le plus souvent proches de la gare et y font construire d'abord leur estive (leur entrepôt) ou leur usine, puis leur habitation.
Ces habitations sont de superbes villas, de véritables châteaux ou des hôtels particuliers, tous pleins de charme et d'originalité, que la ville doit aujourd'hui protéger, car ils sont témoins de la prospérité et de l'âge d'or salonais.
Dès lors, la maison, villa ou château apparaîtra toujours sur le papier à en-tête de l'entreprise comme une véritable marque de fabrique !
Ces constructions, reflets de l'étalage d'argent qui coulait à flot à cette époque, et qui pour moi ont souvent frôlé le mauvais goût, lorsque j'étais adolescente et me promenais dans les rues, me semblent aujourd'hui dignes d'être protégées...
Le sentier "Sur les pas des Savonniers", proposé par l'office de tourisme permet de les redécouvrir...
De style divers, les 21 demeures recensées par les Amis du Musée et du Patrimoine de Salon et de la Crau sont entourées de parcs ou de jardin, d'une végétation riche et dense, et ornées de fresques ou de vitraux, enrichies de ferronerie et souvent agrémentées de colonnes leur donnant un aspect Renaissance italienne ou autre...
Malgré le tremblement de terre de 1909 qui a affecté la région, ces demeures ont résisté au temps.
Deux familles seulement occupent encore la maison de leurs ancêtres.
Je vous en présente quelques-unes et comme je n'y connais rien en architecture de l'époque, je vous laisse les découvrir en vous disant juste ce qu'elles sont devenues au fil du temps...
Certaines demeures sont aujourd'hui des bâtiments publics.
C'est le cas de l'Hôtel Ravoire (ou Villa La Colombe) construit en 1880 par un riche industriel de la ville dont les jardins ont fait place au bâtiment du Crédit Agricole.
C'est le cas également de la Villa Armieux devenue le Palais de Justice. Cette demeure, style château a été construite en 1903, par un savonnier et agrandie en l'honneur de sa femme qui était une ancienne cantatrice de l'opéra d'Avignon. Il a fait construire pour elle une coupole d'inspiration mauresque qui a servi de salle de réception et de spectacle.
Réquisitionnée par les allemands pendant la seconde guerre mondiale, la villa a été rachetée par la ville en 1951.
Le château des Louanes était à l'origine un simple mas construit au milieu du XIXème siècle. Acheté en 1880 par un riche négociant, Auguste Gaillard il est transformé en château.
La mairie en a fait l'acquisition et a ouvert au public son parc qui est devenu le Parc de la Légion d'honneur.
On peut y admirer une magnifique roseraie de 2600m2 et des palmiers, peu fréquents dans la région.
L'hotel Bourgue a été construit en 1900 par Auguste Girard, un riche négociant en huile et savons.
En 1928, il est racheté par Alphonse Gras, un négociant reconverti dans la torréfaction.
Par derrière l'entrepôt (=l'estive) a été entièrement conservé ce qui est rarissime dans la ville.
Le château Couderc a été édifié en 1900.
Il a été fondé par une des entreprises les plus riches de la région, l'entreprise "Chaffard et Couderc", réunissant la fabrique d'huile d'olive, de savons et d'huile à graisser.
En 1928, c'est le savonnier Marius Fabre, déjà installé sur la ville et dont je vous ai parlé dernièrement, qui achète la partie usine que nous avons visité les jours derniers.
La partie château ainsi que son parc est acheté par le Docteur Vignoli qui crée aussitôt dans le château, une clinique toujours en activité.
Le Cercle des Arts et Métiers a été construit en 1886. Réservé aux notables de la ville, il permettait en plein centre de discourir sur la politique et les affaires tout en recherchant la détente. Inutile de vous dire qu'il était réservé aux hommes !
C'est aujourd'hui, la plus ancienne association de la région toujours en activité.
Le superbe théâtre Armand, à la décoration intérieure à l'italienne, a été construit par Etienne Armand, un négociant en huile d'olive et savons, pour sa maîtresse qui était actrice. Il a été inauguré en1883.
Et voilà pour terminer d'autres édifices remarquables datant de cette période...
Toutes les photos ont été extraites des deux sites de tourisme suivants :
- celui de l'Office de Tourisme de Salon-de-Provence.
- celui de Salon Patrimoines et chemins.
Cette balade dans la ville termine mes visites du patrimoine salonais autour du thème du savon de Marseille.
Je ne vous ai pas montré l'intérieur de la boutique de l'entreprise Marius Fabre, car j'espère que mes articles vous donneront envie d'y entrer.
Vous ne pourrez qu'être conquis par son charme d'antan et la variété des produits naturels que vous y trouverez...