Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Voilà le troisième roman de Audur Ava Ólafsdóttir, auteur dont j'ai déjà parlé dans ce blog lors de la lecture de son second roman "L'embellie".
"Rosa candida" a reçu de nombreux prix dont en Islande : Le Prix culturel DV de littérarure 2008 et le Prix littéraire des femmes ; en France : Le Prix Page des Libraires 2010 et le Prix des Amis du Scribe 2011 et au Quebec, le Prix des libraires du Quebec.
L'histoire est pourtant toute simple...
Le père, un vrai papa-poule, est inquiet mais aimant. Il tente de faire un deuil difficile depuis le tragique accident de sa femme, accident à la suite duquel Jósef a du être placé en foyer.
le Merveilleux Jardin des Roses Célestes
Si à partir c'est surtout parce qu'il laisse derrière lui sa toute petite fille de neuf mois à peine, Flóra Sól, petite fille qu'il a eu après une liaison rapide d'un soir avec Anna, une amie d'un de ses amis, lors de son anniversaire.
s'intègre peu à peu à la vie du villag e et se lie avec les moines en particulier avec le Frère Thomas, un abbé cinéphile et amateur de bon vin qui deviendra son confident et son menstor.
Un jour Anna lui demande au téléphone s'il peut se charger de Flóra Sól pendant un mois pour qu'elle finisse de rédiger son mémoire et puisse passer ses examens de génétique.
Il faudra à un long chemin initiatique, non seulement pour devenir vraiment père mais aussi pour appréhender la vie de famille...
Ce bouleversement inattendu va le faire changer en profondeur mais tout en douceur...
Arrivera-t-il à faire le deuil de sa mère dont il était si proche ?
Réussira-t-il à être un bon père ?
L'amour peut-il durer toute une vie se demande-t-il ?
Ce que j'en pense
Avec délicatesse et pudeur, l'auteur nous touche au plus profond de nous même. Le lecteur se laisse emporté par cette histoire d'amour paternel et d'amour tout court.
Il ne se passe rien d'important dans ce roman mais tout est dans les non-dits, dans les informations sur les êtres distillées au compte-goutte, dans les doutes et les interrogations de ces jeunes adultes un peu perdus mais qui recherchent tous l'amour et doivent trouver seuls le chemin qui mène à lui.
Avec beaucoup de douceur, la vie quotidienne est racontée dans les moindres détails. Beaucoup de moment se passent autour de la constitution des repas, des courses, des dialogues de tous les jours.
Tout en cultivant comme le Candide de Voltaire, son jardin, trouvera un apaisement et sa place dans la vie.
La fin ouverte laisse espérer que les rêves de chacun puissent devenir réalité.
Le lecteur qui a déjà lu des romans de , reconnaîtra donc dans celui-ci, son goût pour les voyages initiatiques, les repas et la cuisine, les langues, la filiation, et les relations de couple problématiques, les êtres simples qui prennent la vie comme elle vient et acceptent les autres comme ils sont ...
C'est d'ailleurs plutôt qu'un roman, une sorte de conte philosophique moderne pour les grands ados et les adultes. La première partie est d'ailleurs un vrai voyage à travers des contrées inhospitalières (une forêt si dense que notre héros pense s'y perdre) et semées d'embûches et de rencontres inattendues...
grandir, faire des choix de vie, devenir adulte et un père aimant...tout en se posant une foule de questions sur la vie, la mort, le désir, l'amour...et chercher des réponses auprès du très érudit Frère Thomas avec qui il passe des soirées mémorables.
Là où je le trouve très attachant c'est qu'il représente la perfection à laquelle tout le monde aspire : c'est un fils parfait qui sait écouter et comprendre son père, un frère protecteur, un amant respectueux de sa femme et un père adorable et terriblement émouvant.
Ajouter à cela son côté désintéressé...son bonheur quotidien est si simple qu'il nous donne à voir un bonheur que nous pourrions tous atteindre si nous nous donnions la peine d'accepter les autres comme ils sont et de nous simplifier la vie.
Ce roman est de plus très facile à lire : je l'ai commencé et je l'ai fini dans la journée !
A lire donc dès 16-17 ans...
Extraits
" Je me retrouve en pleine forêt, littéralement encerclé de toutes parts par les arbres, sans la moindre idée de l'endroit où je me suis fourré. Est-ce qu'un homme élevé dans les profondeurs obscures de la forêt, où il faut se frayer un chemin au travers de multiples épaisseurs d'arbres pour aller mettre une lettre à la poste, peut comprendre ce que c'est d'attendre pendant toute sa jeunesse que pousse un seul arbre ?" (p.87)
"Anna s'endormit dès qu'elle eut posé la tête sur l'oreiller, ce qui était bien compréhensible vu qu'elle avait mis au monde un enfant tout entier ; elle était épuisée et meurtrie. J'aurais voulu lui dire quelque chose de joli, mais elle était trop fatiguée pour écouter. Je pouvais imaginer que ça devait être drôle de se réveiller le vendredi matin pour aller à l'hôpital accoucher d'un enfant."(p.124)
" Le village est construit sur une éminence rocheuse et j'aperçois tout de suite le monastère, au sommet du rocher. Cela paraît invraisemblable que l'on puisse trouver là-haut un jardin qui figure dans tous les manuels consacrés à la culture des roses depuis le Moyen Âge". (p.141)
" Le monastère est accessible à pied, tout en haut de la colline ; un sentier raide y monte depuis le village. Qui aurait pu s'attendre à trouver une roseraie en un tel endroit, bien au-dessus du niveau de la mer et au sommet d'un rocher ? Je ne vois pas le jardin aussitôt, car il est enfermé sur trois côtés par les murs du monastère, le seul côté ouvert donnant sur le village." (p 158)