Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
C'est un livre terrifiant et douloureux, inspiré d'un fait divers réel (la mort, suite à des maltraitances parentales de la petite Marina, 8 ans)...
Je ne voulais pas le lire au départ car déjà, le fait divers lui-même, m'avait beaucoup touché. Comment peut-on en venir à tuer son enfant ?
Et puis j'en ai parlé avec des amis et je me suis dit que je leur devais bien ça, à l'auteur qui a su parler d'un tel sujet avec autant de talent, et à cette petite fille morte sans que personne n'agisse assez vite pour la sauver...
Voilà pourquoi j'ai décidé de lire ce roman puis d'écrire cette chronique sur ce blog.
Le talent de l'auteur est indéniable : c'est un premier roman époustouflant.
La construction du roman renforce les propos car l'auteur invite chacune des personnes qui a connu la petite fille à venir témoigner de ce qu'elle a vu, pensé, noté par écrit dans des rapports, ou carrément pas voulu voir.
La grand-mère, la tante, le grand frère, la mère, les institutrices, tous les membres des équipes médicales scolaires ou non, et même les gendarmes... Tous s'expriment chacun leur tour, tous avaient vu que quelque chose n'allait pas chez Diana.
Le ton employé, distant, ressemble à un témoignage lors d'un procès pour certain ou à une confession, celle que l'on peut se faire à soi-même...
Il permet de créer un certain recul avec l'histoire réelle, comme une sorte de protection indispensable pour éviter trop d'émotion ce qui pourrait occulter notre jugement.
Le lecteur ne peut que se révolter devant l'impuissance des témoins de ce drame.
Le lecteur sait tout de suite que c'est trop tard. S'il ne connaissait pas le fait divers, il est directement en connexion avec le drame.
En retard scolaire évident mais très mature pour d'autres choses, Diana, la petite fille dont la mère avait voulu accouché sous X, avant de changer d'avis un mois plus tard, est à l'évidence maltraitée par ses parents.
Chaque marque sur sa peau, donne pourtant l'objet d'une explication claire et cohérente de la part des parents et de l'enfant. Elle est maladroite, elle tombe, elle n'écoute pas ou fait des bêtises, elle se bagarre avec son grand frère...
Les adultes se sentent coupables mais la machine judiciaire est ainsi faite que
Inutile de se voiler la face. Diana a réellement existé et a succombé sous les coups de son père qui n'a même pas nié les faits.
Car au fond ce livre nous parle de tout ça : de l'échec d'un système, de la lourdeur d'une administration qui propose de l'aide aux parents par respect pour leurs droits et qui attend avant de condamner de peur de commettre une erreur, alors qu'il faudrait pouvoir agir plus vite dans l'intérêt des enfants et surtout coordonner davantage les différents services pour ne plus jamais passer à côté...
Et pourtant je reste persuadée que chacun fait ce qu'il peut.
Pour avoir cotoyé des assistantes sociales dévouées, des médecins scolaires attentifs et sérieux et des enseignants toujours à l'écoute des problèmes de leurs élèves malgré le programme à finir et la classe surchargée, je me dis, qu'il faudrait juste arrêter de discréditer les enseignants, de leur faire un peu plus confiance car ils sont les seuls à être aux premières loges (avec le médecin de famille, mais existe-t-il encore ?) pour découvrir que quelque chose ne va pas chez un enfant...souvent plus que leur propre famille.